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La dette irlandaise bonne pour la casse alors que la crise de l'euro s'étend

par Michael Day, depuis Milan
The Independent, 13 juillet 2011

article original : "Ireland's debt junked as euro crisis spreads"



Le chef de la BCE, hier, à Bruxelles (Reuters)

Les malheurs de la dette européenne se sont intensifiés hier, alors que la note de crédit de l'Irlande a été réduite au statut de déchet et que cette crise menace d'engloutir sa plus grosse victime, jusqu'à maintenant, l'Italie. Le service investisseurs de Moody's a réduit la note de l'Irlande d'un cran, la faisant passer de Ba1 à Baa3, et a maintenu des perspectives négatives.

Moody's a ajouté qu'il y avait un risque que ce pays ait besoin d'une aide supplémentaire fin 2013, lorsque le programme actuel de soutien de l'Union Européenne et du FMI prendra fin.

La nuit dernière, l'Italie et l'Espagne ont toutes deux insisté sur le fait que leurs économies, et avec elles le futur de l'euro, étaient protégées de la crise de la dette qui a déjà mis la Grèce à terre.

Les spéculateurs ont renforcé leurs attaques contre ces deux économies sud-européennes - les troisième et quatrième plus grandes de la zone euro. Dans ces deux pays, le coûts des emprunts sont montés en flèche, tandis que les bourses et l'euro se sont repliés - malgré les promesses de leurs ministres des finances que l'Italie et l'Espagne s'étaient engagées à tailler dans leur niveau d'endettement.

Ces développements sont arrivés alors que la Grèce, qui depuis plus d'un an a été débordée par une crise grandissante de sa dette souveraine, a rejeté un accord de sauvetage proposé lors d'une réunion d'urgence des ministres des finances européens à Bruxelles, qui impliquait un défaut partiel des remboursements. Ce plan avait remporté le soutien de plusieurs pays, de même que celui de Christine Lagarde, la nouvelle patronne du FMI.

Après avoir participé à cette réunion à Bruxelles, le ministre italien des finances, Giulio Tremonti, a déclaré aux journalistes qu'il « partait pour conclure l'ensemble de mesures de consolidation italien », lequel s'engage à réduire les dépenses de 47 milliards d'euro et à effacer le déficit de l'Italie d'ici à 2014, en réduisant les subventions du gouvernement, les dépenses de santé et les pensions. A près de 120% de son PIB, la dette italienne est la deuxième après la Grèce, proportionnellement à la taille de son économie. Au Royaume-Uni, la dette représente environ 60% [NdT : en réalité, 80%] du PIB.

Le Premier ministre italien, Silvio Berlusconi, a déclaré que son pays devait « être uni et faire preuve de cohésion dans l'intérêt commun ».

L'opposition [italienne] a indiqué qu'elle travaillerait avec le gouvernement pour voter rapidement cet ensemble de mesures, afin de rassurer les marchés. Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schauble, a dit que les mesures d'austérité de l'Italie étaient « ambitieuses », mais qu'il était confiant dans le fait qu'elles seraient approuvées. Il a même cherché à détourner l'attention sur les plus grandes économies. « Nous n'avons pas beaucoup parlé de l'Italie, parce que nous sommes convaincus que le cour de la crise est la Grèce », a-t-il dit aux journalistes.

Le Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a souligné les mesures prises par son gouvernement pour réduire le niveau d'endettement et apaiser les marchés. L'Espagne a taillé dans les salaires publics, gelé les pensions, repoussé l'âge de départ en retraite et réduit les subventions d'Etat.

Son objectif est réduire le troisième plus gros déficit de la zone euro à 6% de son PIB cette année (9,2 % en 2010). M. Zapatero a ajouté que son gouvernement socialiste était prêt à opérer des réductions budgétaires supplémentaires en cas de besoin.

A un moment, hier, les rendements des obligations de l'Espagne et de l'Italie ont toutefois bondi à 6% - ce qui signifie que les taux d'intérêt de ces deux pays sur leur dette sont deux fois plus élevés que ceux de l'Allemagne. Ils approchent des niveaux inabordables qui pourraient déclencher des pourparlers en vue d'un non-remboursement [d'une partie de leur dette] et une crise de leur dette souveraine. Malgré cela, la ministre espagnole des finances, Elena Salgado, a insisté sur le fait que l'Italie et l'Espagne avaient de « solides économies » et qu'il n'y avait aucune logique à ce qu'elles soient affectées par l'instabilité des marchés.

Copyright 2011 The Indepedent / traduction [JFG-QuestionsCritiques]

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