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La confusion entoure les liens économiques franco-allemands avec le président-élu

Par John Nyaradi
Wall Street Cheat Sheet, le 14 mai 2012

article original : "Confusion Surrounds French-German Economic Ties With New Elect"

Pour le dire simplement, la France ne coopérera pas.
Hollande ne coopérera pas. Que va devenir l'euro ?


Une litanie de jacasseries a entouré l'évincement du Président français Nicolas Sarkozy lors des élections de dimanche dernier, où il a été remplacé par François Hollande. La question la plus importante qui entoure ce changement est de savoir si la France, sous Hollande, va continuer à coopérer avec l'Allemagne comme elle l'a fait sous Sarkozy.

Pour le formuler simplement, la France ne coopérera pas. Hollande ne coopérera pas. L'approche austère de l'Allemagne pour résoudre la crise de la dette en Europe va à l'encontre des principales idéologies politiques en France et parmi les autres nations européennes. L'austérité, bien qu'elle soit efficace pour réduire les coûts gouvernementaux, est largement vue comme une impédance à la prospérité. Qui plus est, ce plan vient d'Allemagne (et cela a son importance).

Aux Etats-Unis, l'Allemagne est considérée comme un pays puissant. Ceci est dû en partie à l'héritage allemand important, malgré les quelques coups reçus lors de la dernière grande guerre. Cependant, en Europe, les Allemands sont toujours perçus comme les perdants tyrannisés du siècle dernier ; les loups assoiffés de pouvoir, qui ont échoué, à chaque avancée, à consumer le reste de l'Europe. La présence d'armées étrangères sur le sol de l'Allemagne de l'Ouest longtemps encore après la réunification vient renforcer cette notion. Parmi celles-ci, la base militaire française au sud de la vallée du Rhône. Pour les Français, l'Allemagne est un pays occupé. Par conséquent, dans l'esprit français, pourquoi une puissance politique comme la France devrait-elle prendre ses ordres auprès d'un peuple vaincu ?

Là où les experts de l'information n'ont pas été très diserts ou n'ont pas fait attention, c'est sur une série d'événements qui sont passés plus ou moins inaperçus, mais qui affecteront le futur de l'Europe et qui sont indicatifs de la relation franco-allemande. Le premier événement discret s'est produit il y a moins de 18 mois, lorsque la France et la Grande-Bretagne ont signé une convention militaire fusionnant en fait leurs deux forces militaires en une seule[1]. En surface, cela ressemblait à une manoeuvre des Français pour renforcer les liens britanniques avec le continent. Et en surface, cela s'est avéré être un accord lucratif où les fabricants français d'armement pouvaient désormais accéder aux marchés contrôlés par les Britanniques (par exemple, la France a vendu des avions de combat à l'Inde, qui était autrefois un marché exclusif des Britanniques). Mais la signification plus profonde de cette fusion est relative à la proximité culturelle que les Français et les Anglais partagent vis-à-vis des Allemands. Ni la France ni la Grande-Bretagne n'ont le moindre désir de voir l'Allemagne devenir le leader économique et militaire de l'Europe. Cette manouvre était donc plus anti-allemande que pro-européenne.

Sous Nicolas Sarkozy, l'armée française a subi des réductions budgétaires dans le cadre de l'effort d'austérité. Ces réductions, qui se sont produites essentiellement en été 2008, sont arrivées au beau milieu des appels de la Chancelière d'Allemagne pour commencer à faire attention aux dépenses gouvernementales et à la dette (oui, ils voyaient la crise actuelle arriver). De plus, cet été-là, la Russie envahissait la Géorgie, déclenchant un véritable bras de fer mondial. Au cours de celui-ci, la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont accepté de lever certaines dispositions concernant l'armée allemande, qui étaient restées en vigueur depuis la Seconde Guerre mondiale. Dans l'esprit du public français, ce fut une mesure qui allait dans une direction excessivement dangereuse. Depuis lors, Sarkozy a collaboré avec la Chancelière allemande Angela Merkel, respectant ses désirs et suivant, comme à son habitude, son exemple.

François Hollande ne collaborera pas aussi clandestinement que son prédécesseur. Sarkozy était le premier président à travailler de façon constructive avec l'Allemagne ; Jacques Chirac était ferme, François Mitterrand était complaisant. Hollande reviendra sans aucun doute sur pas mal de choses que Sarkozy a faites avec l'Allemagne. Les budgets augmenteront selon ses promesses de campagne. L'éducation sera dotée de plus de professeurs, la formation dans les travaux publics sera améliorée et les caisses de l'armée seront mieux remplies. Merkel ne pourra pas attirer dans ses filets le nouveau président français, parce que celui-ci tient pour vraie une idéologie plus ancienne, une idéologie sans doute dépassée par rapport au monde moderne.

Néanmoins, Hollande ne restera pas les bras croisés à regarder l'Allemagne prendre le commandement pour résoudre la crise de l'endettement du dollar européen. D'autres pays européens commencent également à montrer de la résistance vis-à-vis des plans allemands d'austérité. Au fur et à mesure qu'un plus grand nombre de nations s'alignent contre la machine allemande d'austérité, la France prendra de plus en plus une place centrale comme leader du plan visant à résoudre la crise de la dette à la manière française. Et c'est exactement ce que veut Hollande.

Facteur décisif : attendez-vous à des tensions politiques entre l'Allemagne et la France. L'Europe commence aussi à s'écarter de l'austérité, ce qui signifie que la crise de la dette est toujours en milieu de crise et que le sort de l'euro est toujours sur la sellette.

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]

Note :
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[1] Voir par exemple : Un accord de défense franco-britannique historique, latribune.fr, 2 novembre 2010.


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