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Mise en garde d'Israël :
les tirs de roquettes depuis Gaza résulteront en un "holocauste" palestinien

Par Donald Macintyre à Jérusalem
The Independent, samedi 1er mars 2008

article original : "Israel's warning: rocket fire from Gaza will result in a Palestinian 'holocaust'"



Des Palestiniens évacuent un homme blessé, après qu'un missile israélien
a détruit, hier, le siège du Dyndicat des Travailleur. (REUTERS/Mohammed Salem)

Un ministre du gouvernement israélien a prévenu hier que l'augmentation des tirs de roquettes depuis Gaza conduirait les Palestiniens à la Shoah - le mot hébreu utilisé pour signifier l'Holocauste Nazi infligé aux Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale. Cette déclaration du Ministre adjoint de la Défense, Matan Vilnai, est arrivée au milieu d'appels tout récents de la part de quelques politiciens israéliens à une invasion terrestre de Gaza, appels provoqués par le tir de huit roquettes Grad de fabrication soviétique sur la ville méridionale d'Ashkelon, durant la violence mortelle des trois derniers jours.

M. Vilnai a déclaré : "Au fur et à mesure que les tirs de roquettes s'intensifient et que leur portée s'accroît - et ils n'ont pas encore dit leur dernier mot - ils font venir sur eux-même une Shoah beaucoup plus grande parce que nous utiliserons toute notre force de toutes les façons que nous jugerons appropriées, que ce soit par des frappes aériennes ou sur le terrain".

L'ancien ministre travailliste et général dans les Forces de Défense d'Israël [Tsahal] a dit sur la Radio de l'Armée : "Nous sommes proches d'utiliser toute notre force".

Le porte-parole du gouvernement [israélien] s'est immédiatement lancé dans un exercice de limitation des dégâts en disant que M. Vilnai n'avait utilisé ce mot [Shoah] pour signifier "désastre" et d'aucune manière dans l'intention d'exprimer l'idée de génocide. Mais le mot Shoah est rarement utilisé dans l'hébreu moderne pour des événements autres que l'Holocauste.

Ces deux derniers jours, les frappes aériennes israéliennes ont tué au moins 33 personnes, dont cinq enfants. Ces frappes ont été lancées en riposte aux tirs de roquettes Qassam depuis Gaza, dont l'une a tué, mercredi, un israélien, en reprise d'études après une période de congés, dans la ville méridionale de Sdérot.

Les attaques à la roquette ont elles-mêmes fait suite à la tuerie, un peu plus tôt ce même jour, de cinq activistes-clés du Hamas, dans la ville méridionale de Gaza de Khan Younis.

Une jeune-fille âgée de 17 ans, a été blessée par les roquettes plus puissantes et à plus longue portée, tirées sur Ashkelon, une ville de 120.000 habitants, située à 18 km du nord de Gaza. Un autre missile est passé à travers le toit d'un immeuble d'appartements et a atterri trois étages plus bas. Les activistes palestiniens ne les ont pas utilisées en telle quantité auparavant.

Arye Mekel, le porte-parole du Ministère israélien de la Défense, étayant les commentaires faits par le porte-parole personnel de Vilnai, a ajouté : "Matan Vilnai a utilisé la phrase en hébreu qui incluait le terme Shoah dans le sens de désastre ou de catastrophe, et non pas dans le sens d'un holocauste".

Mais le Hamas a été prompt à sauter sur la remarque du ministre. Un porte-parole, Sami Abou Zuhri, a déclaré : "Nous sommes confrontés à de nouveaux Nazis qui veulent brûler et tuer le peuple palestinien".

Un homme a été légèrement blessé par un tir de roquette, hier à Sdérot - l'une des 16 roquettes tirées pendant la journée selon l'armée. Des sources palestiniennes à Gaza ont dit que cinq personnes - dont deux enfants - avaient été blessées hier par trois frappes aériennes au nord de la Bande.

Tony Blair, l'envoyé du Quartet international pour le Proche-Orient, tout en "condamnant vivement" les tirs de roquettes depuis Gaza, a déclaré hier soir : "Il est vital que dans l'action menée contre eux, tout soit possiblement fait pour éviter la perte de Palestiniens innocents, afin qu'il n'y ait pas encore plus de victimes de cette situation créée à Gaza".

On pense que le Premier ministre israélien Ehoud Olmert est très circonspect concernant l'autorisation d'une offensive terrestre majeure à Gaza. Mais Tzachi Hanegbi, le président de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset et membre belliqueux du parti d'Olmert au pouvoir, le Kadima, a déclaré hier : "L'Etat d'Israël doit prendre une décision stratégique pour ordonner à Tsahal de se préparer rapidement à renverser le régime de terreur du Hamas et prendre les zones d'où sont tirées les roquettes". Il a dit que Tsahal devait se préparer à rester dans ces zones pour des années, si nécessaire.

Yossi Beilin, l'ancien ministre et ancien dirigeant de la gauche du parti centriste Meretz, a dit qu'une solution diplomatique plutôt que militaire était nécessaire.

Il a dit que le Hamas, au moins à deux reprises, avait demandé "par l'intermédiaire d'une tierce partie" un accord de trêve. Il a ajouté : "Ma solution est d'arriver à un cessez-le-feu avec le Hamas".

Un sondage conduit cette semaine par Haaretz-Dialogue a montré que 64% des Israéliens étaient favorables à un tel accord pour mettre un terme aux tirs de roquettes et pour assurer la libération du caporal israélien Gilad Shalit, qui a été enlevé par des activistes de Gaza en juin 2006.

Cependant, lors d'une visite à Ashkelon, le ministre de la défense, Ehoud Barak, n'a pas montré beaucoup de signes que le gouvernement réfléchissait à une telle possibilité. "Le Hamas est directement responsable de la situation actuelle et se sera lui qui portera le coût de notre riposte. Une riposte israélienne est nécessaire et sera menée", a-t-il déclaré.

Ismail Haniyeh, le Premier ministre de fait du Hamas à Gaza, s'exprimant à une mosquée près de chez lui dans la première apparition publique depuis un mois, a déclaré : "Que signifie une attaque à grande échelle ? Vous [les Israéliens] étiez dans la Bande de Gaza et vous êtes partis à cause de la résistance".

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]

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Lire aussi : Les Origines du conflit israélo-palestinien, des origines cananéennes à la deuxième Intifada.