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CRIMES DE GUERRE

Israël admet avoir utilisé des bombes au phosphore au Liban

Par Helen McCormack

The Independent le 23 octobre 2006
article original : "Israel admits phosphorous bombs used in Lebanon"

Le gouvernement israélien a admis pour la première fois avoir utilisé des bombes au phosphore pendant sa campagne guerrière au Liban qui a duré 34 jours.

Jacob Edery, le ministre israélien en charge des relations avec le parlement, a confirmé que l'armée a utilisé ces bombes pour attaquer des "cibles militaires", durant sa guerre contre le Hezbollah en juillet et en août. Auparavant, Israël avait déclaré que ces bombes n'avaient été utilisées que pour distinguer les cibles.

Durant ce conflit, des médecins, au Liban, ont signalé avoir traité des civils qui avaient été touchés par ce type d'obus, laissant leurs victimes avec des blessures chimiques sévères qui peuvent être fatales.

Ces rapports ont conduit le président libanais, Emile Lahoud, à accuser Israël d'avoir violé la Convention de Genève, qui interdit l'usage du phosphore blanc, à la fois comme arme incendiaire contre les civils et dans les attaques aériennes contre les forces militaires dans les zones habitées par des civils. Hier, un reportage publié dans le quotidien israélien Haaretz a révélé que M. Edery, la semaine dernière, a confirmé au parlement qu'Israël avait utilisé ces bombes durant les opérations de cet été.

Il n'a toutefois pas donné de détails pour préciser si cela avait été utilisé dans des zones habitées par des civils. Mais il a maintenu que ces armes avaient été utilisées "en accord avec la loi internationale".

S'exprimant au nom d'Amir Peretz, le ministre israélien de la défense, M. Edery a déclaré : "L'armée israélienne détient des armes au phosphore sous différentes formes. L'armée israélienne a utilisé des obus au phosphore durant la guerre contre le Hezbollah contre des cibles militaires en terrain découvert".

De nombreuses organisations des droits de l'homme, y compris la Croix-Rouge Internationale, ont fait pression pour l'interdiction totale de ces bombes contre tout être humain, alors que la Convention de Genève n'accorde actuellement qu'une protection aux civils. Israël a reconnu avoir fait usage de ces bombes après qu'un garçon de 12 ans a été tué par un élément d'une bombe à fragmentation qui a explosé dans son village de Halta, au Sud-Liban.

Selon des fonctionnaires des services de sécurité, Rami Ali Hussein Shibly ramassait des olives dans son village lorsque la bombe a explosé, blessant son jeune frère.

Selon les Nations-Unies, son décès porte le nombre total de victimes de ces bombes à fragmentation, depuis le début du conflit au Liban, à 21 morts et 100 blessés.

Israël a été accusé, à la fois par l'Onu et par les organisations des droits de l'homme, d'avoir tiré au Liban jusqu'à quatre millions de bombes à fragmentation durant sa guerre contre le Hezbollah, qui s'est terminée par un cessez-le-feu négocié le 14 août.

Les experts en déminage des Nations-Unies disent que jusqu'à un million de bombes à fragmentation n'ont pas explosé et continuent de menacer les civils, particulièrement les enfants qui peuvent confondre ce matériel avec des piles ou autres petits objets.

Au début du mois, l'organisme britannique de bienfaisance Landmine Action a prévenu que le nombre de civils qui seront victimes de ces bombes à fragmentation augmenterait au fur et à mesure que les habitants du Sud-Liban retourneront chez eux.

Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]

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