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Egalité! Liberté! Sexualité!: Paris, mai 1968

Par John Lichfield, à Paris
The Independent, samedi 23 février 2008

article original : "Egalité! Liberté! Sexualité!: Paris, May 1968"

Tout a commencé avec des étudiants qui ont réclamé le droit de
dormir ensemble. Et ça s'est terminé dans l'un des plus grands
soulèvements de la société française depuis la révolution française.
John Lichfield part à la recherche de l'esprit de mai 68.



Daniel Cohn-Bendit, alors âgé de 22 ans, l'un des leaders des soixante-huitards. (Photo : Bruno Barbey / Magnum)

"Quel bonheur en cette aurore-là d'être en vie, Etre jeune était déjà divin !"

C'est un poète britannique mort depuis longtemps [1770-1850] qui a le mieux compris mai 68. En France, les hommes politiques conformistes de l'époque, même ceux de gauche, n'avaient pas la moindre idée de ce qu'il se passait. La révolte étudiante et ouvrière, qui a eu lieu en France, il y a 40 ans ce printemps, était une révolution culturelle, voire sexuelle, avant de devenir politique.

Le jeune William Wordsworth écrivit la phrase ci-dessus à propos d'une révolution française beaucoup plus sanglante. Tout pareillement, elle exprime parfaitement l'esprit de mai 68 : l'idéalisme, la fantaisie, le zèle, l'humour, l'autosatisfaction et l'excitation. Les photographies racontent l'histoire. Lors de la première nuit d'émeute sur la Rive Gauche de Paris, le 3 mai 1968, la police anti-émeute portait des uniformes et des casques d'un autre âge. Les policiers ressemblaient plus à des soldats français de la guerre de 14-18.

Les étudiants portaient des vestes et des cravates ou des pull-overs soignés, ils avaient les cheveux courts et des pantalons avec un pli bien repassé. Les étudiantes avaient des cheveux longs attachés par un bandeau et portaient des jupes seyantes. Il y avait peu de blue-jeans, de sandales ou de barbes.

Ceci, souvenez-vous, s'est déroulé plus d'un an après [l'album des Beatles] Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band. C'était l'année suivante de la révolution Flower Power à San Francisco. Aucun étudiant révolté qui se respecte, en Amérique, en Grande-Bretagne ou en Allemagne, n'aurait porté, dans les premiers jours de mai 68 sur une barricade, une veste et une cravate. Avant la fin de la révolte étudiante, au début du mois de juin, les étudiants français ressemblaient de façon plus convaincante à des révolutionnaires : ils étaient plus dépenaillés, plus hirsutes et plus psychédéliques. Ils avaient perdu sur le plan politique, mais ils avaient gagné sur le plan culturel - et peut-être même sur le plan spirituel.

Mai 68 était, à l'origine, une révolte contre l'ennui et le conservatisme étouffant à la papa de la France du Général de Gaulle, en plein boom économique des années 60. D'une certaine manière, ce fut une révolution qui a avancé très vite, afin de rattraper ce droit de porter les cheveux longs et des pantalons roses. Cela a débuté en mars, à la nouvelle Université de Nanterre, à l'ouest de Paris, par la revendication des garçons et des filles, dans leurs dernières années d'adolescence ou leur vingtaine, du droit de dormir ensemble.

Il y a eu d'autres révoltes étudiantes, en Europe et en Amérique, avant et après mai 68. Dans aucun autre pays [que la France] une rébellion étudiante a presque fait tomber un gouvernement. Dans aucun autre pays une rébellion étudiante a conduit à la révolte des ouvriers, une révolte qui s'est levée parmi les cols-bleus de la base et qui a submergé la direction paternaliste des syndicats, autant que le gouvernement conservateur paternaliste.

Ces deux révoltes sont restées essentiellement séparées : en dépit des efforts d'une frange d'étudiants maoïstes et malgré l'éloquence de Jean-Paul Sartre, qui est monté sur une caisse à l'extérieur de l'usine Renault de Boulogne-Billancourt, pour raconter aux ouvriers le paradis intellectuel étudiants/ouvriers à venir. ("Soyez bref !" lui a conseillé quelqu'un, mais il ne le fut pas.)

Les exigences des travailleurs étaient tangibles et précises. Les objectifs des étudiants étaient diffus et contradictoires : plus philosophiques que politiques et souvent parsemés d'insinuations (et de frustrations) sexuelles. "Marxiste, tendance Groucho". "Soyez réalistes, demandez l'impossible !" "Prenez vos désirs pour des réalités !" "Déboutonnez votre cerveau autant que vos pantalons !"[1]

De ces deux rébellions, ce fut la grève générale sauvage des ouvriers qui, la plupart du temps, a le plus inquiété le gouvernement. Un jeune ministre, Jacques Chirac, fut envoyé secrètement pour préparer la voie à une augmentation des salaires et une réduction du temps de travail qui contribua à mettre un terme aux grèves. Avant de se rendre à ces rencontres clandestines, il avait placé un revolver dans la poche intérieure de sa veste. Il ne s'agissait pas de paranoïa ; c'était juste l'esprit de l'époque.

Et pourtant, après 40 ans, c'est la révolte étudiante dont on se rappelle le mieux et la révolte ouvrière a été presque oubliée. Ceci est en partie dû au fait que les leaders des jeunes qui construisaient des barricades et retournaient des voitures dans le Quartier Latin en 1968 sont devenus, pour beaucoup, des journalistes, des écrivains, des philosophes et des politiciens de premier plan (notamment le ministre des affaires étrangères actuel, Bernard Kouchner).

C'est aussi parce que la révolution culturelle et sexuelle française des années 60 s'est si mémorablement concentrée sur 4 ou 5 semaines. Ailleurs, les changements furent plus discrets. Philip Larkin (un autre poète britannique) a dit: "Le sexe a été inventé en 1963, entre Le procès Chatterley[2] et le premier album des Beatles". En vérité, la fin des vieilles certitudes sociales et sexuelles et des tabous en Grande-Bretagne fut un processus graduel de 1963 à 1970, conduit par le scandale Profumo [3], les Beatles, les réformes du premier gouvernement Wilson et le virus de la révolte, transporté par le vent de la télévision depuis le Vietnam et les Etats-Unis.

En France, comme à son habitude, la même transition s'est opérée dans la rue dans un énorme psychodrame concentré. Ainsi que le journaliste et écrivain français Jacques Julliard l'a dit, les révolutions en France sont des "rites de passage". Les transitions sociales, tranquilles et pacifiques, voire les transitions pacifiques bruyantes, ne sont pas dans le style de la France.

" Pour aller de Louis XVI à Louis XVIII, c'est-à-dire de l'absolutisme tempéré à la monarchie parlementaire, les étrangers, ces maladroits, seraient passés par Louis XVII ; nous, nous sommes passés par Robespierre et Napoléon." a écrit Jacques Julliard [4].

Par cette même logique, il a fallut six semaines de désordre à la France pour passer des pantalons gris aux pantalons roses, de la répression sociale et sexuelle des années 50 à la liberté sociale et sexuelle et … à la confusion des années 70 (et suivantes). Les étudiants français qui se trouvaient sur les barricades de la Rive Gauche ont pensé - entre autres choses - qu'ils se révoltaient contre la qualité-même d'être français. En fait, ils se comportaient d'une façon française classique.

Peut-être parce que c'était un événement tellement français, les commentateurs français tendent, jusqu'à ce jour, à traiter mai 68 comme un phénomène purement français. En lisant certaines analyses françaises sur 1968 - favorables comme défavorables - on pourrait avoir l'impression que la révolte étudiante de mai, à elle seule, a créé le monde d'après les années 70, de tolérance et d'individualisme, de libre-pensée et de consumérisme.

D'autres pays occidentaux allaient dans cette même direction avant la France. La plupart d'entre eux ont eu des éruptions de violence anti-establishment brèves ou dispersées à la fin des années 60 et au début des années 70, voire de terrorisme dans le cas de l'Allemagne et de l'Italie. Aucun de ces pays n'a eu une rébellion mythologisée de la jeunesse, brève et intense, comme en France. La rapide avancée des évènements a créé le mythe de mai 68. Et ce mythe, comme tous les mythes, a obtenu une vie bien à lui.

Durant sa campagne présidentielle, l'année dernière, Nicolas Sarkozy a lancé une série de discours injurieux dans lesquels il a promis de "liquider" l'héritage de 1968, qu'il accuse de tous les maux, des mauvais résultats scolaires au chiffre élevé de la délinquance et au déclin du patriotisme à l'ancienne.[5]

Pourtant, M. Sarkozy, deux fois divorcé, consumériste, aux valeurs embrouillées et politicien par excellence, est lui-même un enfant de 1968. Du moins, il est l'enfant des changements sociaux que 1968 a symbolisés plutôt que générés.

De la même manière, au sein de la gauche française, mai 68, précisément parce que cet événement est si mémorable, est devenu un symbole sacré. Malheureusement, c'est la gauche la plus conventionnelle et irréfléchie qui s'accroche à la mémoire de cette révolution française manquée. Le côté ouvert d'esprit, joyeux et surréaliste de mai 68 - la "tendance Groucho" - tend à être oublié. Néanmoins, il y a des raisons spécifiques pour lesquelles "mai 1968" - qui a commencé en mars et s'est terminé en juin - se soit produit en France de cette manière.

De 1945 à 1975, toujours connu comme "les trente glorieuses", la France a bénéficié de 30 années de croissance ininterrompue et d'une relative prospérité. Après la valse des gouvernements et la perte des guerres coloniales des années 50, la France, sous le Président Charles de Gaulle, s'est installée dans une période de stabilité inhabituelle dans les années 60 (à quelques incidents de terrorisme colonial près).

Dans cette période, une vieille France, essentiellement agricole et catholique, a été discrètement enterrée. En 1945, il y avait encore 7.000.000 de fermiers et de paysans en France. En 1968, ils n'étaient plus que 3.000.000. (Actuellement, soit dit en passant, ils ne sont plus qu'environ 500.000).

La population rurale s'est déversée dans les villes et les banlieues et travaillait dans des bureaux ou des usines. Leurs enfants grandissaient dans les écoles de la ville. Bien avant 1968, quiconque passait le baccalauréat avait le droit absolu d'aller à l'université, pratiquement gratuitement.

En 1938, la France comptait 60.000 étudiants universitaires. En 1961, elle en avait 240.000. Dès 1968, elle en comptai 605.000, autant que la Grande-Bretagne, l'Allemagne de l'Ouest et la Belgique réunies. Peu de nouveaux campus universitaires furent construits ou agrandis pour accueillir les rangs massifs d'étudiants. L'Université de Nanterre était une exception.

Malgré l'ascension générale de la prospérité et des niveaux d'éducation, la France de De Gaulle était un endroit discrètement oppressif. La mémoire des échecs français durant la guerre était partout mais rarement discutée. Le Général voulait une France moderne et dynamique, enracinée dans un système social vieillot, conservateur et attentiste.

Les étudiants ressentaient qu'ils étaient traités comme des enfants et s'entassaient comme du bétail dans de vastes amphis pour griffonner des notes. Les ouvriers dans les usines étaient traités comme des êtres inférieurs, tant par les patrons que par les syndicats. Ils ressentaient aussi le fait que la prospérité des années 60 ne les conduisait pas vraiment vers les magasins.

Dans un article célébré, prophétique, mais aussi obtus, dans le Monde du 15 mars 1968, Pierre Viansson-Ponté a dit que la France souffrait d'une maladie politique dangereuse : "l'ennui". Partout ailleurs, disait-il, de l'Espagne aux Etats-Unis, les étudiants protestaient contre les guerres ou les libertés fondamentales. "Les étudiants français sont surtout concernés par le fait que les filles … devraient pouvoir rendre visite aux chambres des garçons, ce qui est une conception assez limitée des droits de l'homme". Pas si limité que ça lorsque vous êtes français, âgé de 20 ans et que la révolution sexuelle était déjà très largement en cours aux Etats-Unis et même en Grande-Bretagne, soi-disant frigide.

Le droit pour les jeunes adultes d'avoir des relations sexuelles ensemble dans leurs chambres d'étudiants était, vraiment, l'une des premières exigences des étudiants de l'Université de Nanterre, qui a conduit directement aux événements de mai 1968. Les étudiants en sociologie de Nanterre, menés par un Allemand de 22 ans, né en France et aux cheveux roux, Daniel Cohn-Bendit, utilisa avec succès l'oppression sexuelle comme symbole de l'oppression politique et spirituelle…

A partir du 22 mars 1968, les questions s'étaient élargies, notamment à la Guerre du Vietnam. Cohn-Bendit a mené 300 étudiants dans une occupation d'un bloc administratif à Nanterre. Plusieurs étudiants, dont Cohn-Bendit, furent accusés "d'agitation" et menacés d'expulsion.

Une manifestation de soutien fut planifiée dans la cour de la vénérable Sorbonne, au centre de la Rive Gauche de Paris, le 3 mai. Un groupe d'extrême droite, Occident, a enflammé les esprits - et ont fait monter l'adrénaline d'autosatisfaction des étudiants d'extrême gauche - en menaçant d'attaquer la manif.

La police éparpilla les fachos et, ensuite, commença à faire sortir les gauchistes de la Sorbonne. Il avait été promis aux manifestants qu'ils pourraient partir librement. Environ 400 d'entre eux furent arrêtés brutalement.

Des manifestations plus importantes se formèrent. Les premiers pavés furent lancés sur la police. La police parisienne, soutenue par quelques cars […] de CRS, riposta à coups de matraque et par des salves de gaz lacrymogènes. Elle attaquait, sans discernement, les étudiants, les journalistes, les passants, les touristes, les gens qui se rendaient au cinéma et les couples de personnes âgées assis aux terrasses des cafés regardant le spectacle. Beaucoup de ces jeunes victimes - et quelques-unes plus âgées - rejoignirent les émeutes. Dès cette nuit-là, des barricades furent dressées dans tout le cinquième arrondissement.

Une semaine plus tard, une grande foule d'étudiants a essayé de "libérer" la Sorbonne, qui avait été encerclée par les CRS. Des arbres ont été arrachés, des voitures retournées et des pavés lancés - laissant apparaître des mètres-carrés de sable, à l'origine de l'un des adages anarcho-libertaires de 1968 le mieux connu : "Sous les pavés, la plage".

Le 13 mai, les syndicats - contre le meilleur jugement de leurs propres leaders - appelèrent à une journée de grève et à une manifestation. Le gouvernement ordonna aux CRS de se retirer et une manifestation immense, réunissant étudiants et ouvriers, submergea la Rive Gauche. Mais la grève ne se termina pas au bout d'une journée comme les dirigeants syndicaux l'avaient prévu. Huit millions de travailleurs se mirent en grève sauvage illimitée, la plus grande interruption du travail de l'histoire de France.

Les manifestations se sont étendues aux villes de province. Une tentative un peu molle d'incendier la Bourse eut lieu le 24 mai. Le Premier ministre, Georges Pompidou, entama des négociations secrètes - puis publiques - avec les syndicats. Cohn-Bendit fut expulsé de France, revint puis fut à nouveau expulsé.

Des parties de la Rive Gauche commencèrent à ressembler à des salles de discussion géantes, dans lesquelles tous ceux qui le voulaient pouvaient discuter, interminablement, de l'avenir de l'humanité. Au théâtre de l'Odéon, édifice du 18ème siècle, jouxtant les jardins du Luxembourg, il y eut une conférence à durée indéterminée, jour et nuit, entre, notamment, des ouvriers de chez Renault, des étudiants, des femmes de ménage, des touristes, des écrivains et des artistes célèbres et des chefs d'entreprise désœuvrés parce que leurs usines étaient en grève. Dans les ailes du théâtre, des jeunes-gens et des jeunes-filles exécutaient des actes sexuels dépourvus d'amour, ce qui n'avait jamais été vu auparavant sur les scènes françaises.

Le 29 mai, De Gaulle quitta la France pour Baden-Baden en Allemagne de l'Ouest. Des rumeurs folles se répandirent, selon lesquelles il avait démissionné ou qu'il y avait eu un coup d'état militaire. En fait, De Gaulle était parti discuter avec le haut commandement militaire français pour s'assurer qu'il le soutiendrait.

Le lendemain, une contre-manifestation des supporters de De Gaulle, minutieusement gérée, mais immense, bloqua l'Avenue des Champs-Élysées. Le Président convoqua des élections anticipées (qu'il remporta facilement le mois suivant).

A la grande fureur des étudiants et des ouvriers les plus révolutionnaires, les syndicats acceptèrent un accord généreux de la part du gouvernement pour préserver le capitalisme : une augmentation de tous les salaires de 10% et une augmentation de 35% du salaire minimum, une semaine de travail plus courte et des consultations obligatoires des employeurs avec les travailleurs [Les fameux accords de Grenelle]. Les économistes de droite soutiennent que la prospérité de la France d'après-guerre s'est terminée ce jour-là, bien qu'en fait elle se soit poursuivie jusqu'au milieu des années 70 et le premier choc pétrolier.

Dès le début du mois de juin, les grèves et les manifs étudiantes s'étaient dissipées. La France était sauvée. L'utopie fut annulée ou du moins reportée.

Que reste-t-il de mai 68 ? Quelques penseurs de gauche de l'époque - à l'instar de William Wordsworth avant eux - sont devenus grincheux et conservateurs en vieillissant. Le philosophe Régis Debray, un personnage mineur des événements de mai 68, soutient que, loin d'avoir été une révolution de gauche, "les évènements de mai" ont libéré l'individualisme et l'ultra capitalisme des années 80 et 90. Sous les pavés, la plage ; sous mai 68, Margaret Thatcher et Ronald Reagan.

Mais une fois encore, il ne faut pas prendre - à la manière française - mai 68 pour l'ensemble du zeitgeist [l'esprit de l'époque] de la fin des années 60. Si quelque chose doit survivre à mai 68, à la fois en tant que mois et en tant que mythe, c'est la tendance à l'absolutisme romantique de la gauche française. Quel autre pays occidental développé a-t-il pu produire quatre ou cinq candidats trotskistes dans une élection présidentielle ? La démocratie sociale française paye encore le prix d'un tel dogmatisme, assez étranger à ce que l'esprit ouvert et insouciant de 68 avait de mieux.

Ceci, en tout cas, est l'argument de ce député vert européen allemand de 62 ans, qui a tenu un rôle dans les "événements de mai" à Paris. "Je dis d'oublier mai 68", a-t-il déclaré. "C'est terminé ! La société d'aujourd'hui n'a aucun rapport avec celle des années 60. Lorsque nous nous disions anti-autoritaires, nous luttions contre une société très différente".

Ce député vert européen allemand est à présent un libertaire libéral et écologiste, favorable aux marchés et à l'Europe. Comme le meilleur des "soixante-huitards", son esprit est toujours ouvert aux nouvelles idées et au changement. Son nom est Daniel Cohn-Bendit.

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]

Notes :
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[1] Lire : "Les slogans de mai 68", par John Lichfield

[2] L'Amant de Lady Chatterley, de D.H. Lawrence n'a pas pu être imprimé au Royaume-Uni avant 1960, longtemps après la mort de l'auteur (1930). La publication du livre a provoqué un scandale en raison des scènes explicites de relations sexuelles, de son vocabulaire considéré comme grossier et du fait que les amants étaient un homme de la classe ouvrière et une femme de la bourgeoisie. Lors de la première publication en Angleterre en 1960, le procès des éditeurs, sous le coup de la loi sur les publications obscènes de 1959, fut un événement public et un test pour cette nouvelle loi qui venait d'être promulguée sur l'initiative de Roy Jenkins. Cette loi permettait aux éditeurs de textes "obscènes" d'échapper à la condamnation s'ils pouvaient démontrer que l'œuvre en question avait une valeur littéraire. Le procès se termina sur un verdict d'acquittement et fit jurisprudence pour ouvrir la voie à une plus grande liberté d'expression en Grande-Bretagne.

[3] John Profumo, alors ministre britannique de la guerre, avait une liaison avec une call-girl professionnelle appelée Christine Keeler. L'employeur de Keeler, Steven Ward, était à la solde du MI5 (les services secrets britanniques) pour essayer de piéger Eugene Ivanov, un agent de renseignements soviétique basé à Londres. Keeler rencontrait Ivanov à la demeure du vicomte Astor, appelée Cliveden. Cliveden était également le lieu où elle voyait Profumo. Dans le scandale qui s'ensuivit, des questions de sécurité nationale furent soulevées, car un agent de renseignements soviétique et un secrétaire de cabinet britannique avaient une liaison avec la même femme. Profumo démissionna de son poste au milieu de la controverse.

[4] Voir Jacques Julliard: "Mai 68, une ruse de l'Histoire", paru dans le Monde, le 25 mai 98

[5] Lire : "Sarko et les fantômes de mai 68", par Diane Johnstone