accueil > archives > éditos


Le Zimbabwe est obligé d'émettre un billet de banque record

Par Basildon Peta à Johannesburg
The Independent le 19 janvier 2008

article original : "Zimbabwe forced to issue record bank note "

Alors que des pourparlers pour résoudre la crise du Zimbabwe ont effectivement avorté cette semaine, ce pays d'Afrique du sud a lancé le billet de banque qui porte le plus gros chiffre du monde : 10 millions de dollars Zimbabwe !

Le président d'Afrique du Sud, Thabo Mbeki, a quitté Harare les mains vides après que le dirigeant zimbabwéen, Robert Mugabe, a platement rejeté ses appels pour repousser les élections de mars prochain jusqu'à ce qu'une formule qui convienne à toutes les parties puisse être trouvée.

Cette crise, dans ce qui était un pays plutôt riche à son indépendance en 1980, a produit une super-inflation galopante de 150.000 % et vu au moins quatre millions de ses habitants s'enfuir vers des pays voisins. Le billet de 10 millions de dollars Zimbabwe est la dernière indication de l'effondrement économique. Les prix changent toutes les heures et des sacs en plastique remplis de billets sont nécessaires pour acheter les produits de base.

M. Mbeki s'est envolé de la capitale zimbabwéenne ce jeudi, sa deuxième visite en deux mois pour essayer de sauver les négociations, après qu'il est devenu évident que M. Mugabe reviendraient sur ses engagements de conduire des élections libres et honnêtes. Des sources proches des pourparlers ont dit qu'à moins que le président sud-africain ne soit prêt à abandonner sa "diplomatie silencieuse", alors, son vieil homologue de 84 ans (le mois prochain) procèderait aux élections sous les mêmes conditions qui ont produit des résultats discrédités dans le passé.

L'opposition dit qu'elle boycottera le scrutin à moins que M. Mugabe ne satisfasse à sa demande de changer la constitution. "L'ampleur avec laquelle Mbeki courbe l'échine devant cet homme [Mugabe] est totalement incompréhensible", a déclaré un officiel contrarié proche des pourparlers, qui a ajouté que la seule option restante pour l'opposition divisée était des protestations violentes de rue comme au Kenya.

Le président sud-africain, qui a récemment perdu la direction de son propre parti au profit de Jacob Zuma, a été mandaté par la Communauté Sud-Africaine de Développement (CSAD) en mars de l'année dernière, pour assurer la médiation de la crise au Zimbabwe. Les pourparlers auraient dû être conclus en juillet 2007, mais les négociateurs de M. Mugabe ne sont pas venus aux réunions-clés.

Un accord sur une "constitution transitoire" qui aurait réformé en profondeur la carte électorale inégale du Zimbabwe avait fini par être atteint. L'opposition exigeait la mise en place de cet accord avant la tenue de toute élection, mais M. Mugabe l'a rejeté, assurant ainsi une nouvelle victoire pour le parti au pouvoir, le Zanu.

L'opposition soutient que M. Mugabe trie sur le volet des officiers fidèles de la police et de l'armée pour conduire et truquer les élections en sa faveur. La "constitution transitoire" proposée aurait supprimé tous les officiers en uniforme du processus électoral. L'opposition se sent brimée parce qu'elle a soutenu les précédentes réformes constitutionnelles, sur les conseils de M. Mbeki. Ce dernier avait dit au MDC d'accepter les propositions de M. Mugabe, comme une mesure pour construire la confiance.

Le groupe d'opposition se retrouve désormais en grand désavantage, alors que les réformes fragmentaires qu'elle a soutenues l'année dernière, comprenant l'augmentation du nombre de sièges parlementaires qui sont passés de 60 à 210, ne bénéficieront qu'au régime actuel. La plupart de ces nouveaux sièges parlementaires ont déjà été créés dans les fiefs du Zanu dans les trois provinces du Mashonaland.

Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]

___________
LIRE AUSSI :
"Une pauvreté abjecte dans un pays où tout le monde est millionnaire", par John Simpson (Independent, 15 jan. 2008)