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Polémique

Une nouvelle perception d'Israël

Par Larry Derfner
Israel Reconsidered, le 26 août 2011

article original : "A new appreciation for Israel"


C'est un peu ironique - le texte que j'ai écrit ici, il y a quelques jours, sur le terrorisme palestinien m'a conduit à être accusé de traîtrise par toutes sortes de personnes de droite mais, jusqu'à l'attaque près d'Eilat de la semaine dernière, ce que je prévoyais d'écrire à mon retour de vacances en Suède était comment j'avais acquis une nouvelle compréhension de ce que veut dire Israël pour les Juifs de la Diaspora, et sur l'insécurité des Juifs en Europe. Après avoir subi ce torrent de merde de la part de la Droite, j'ai pensé que je ne devais peut-être pas écrire ce message parce que les gens penseront que j'essaye de m'excuser, en essayant de prouver ma qualité de patriote juif, mais je laisse tomber et ne vais pas chercher à anticiper - je pense que cela vaut la peine d'écrire là-dessus ; alors, voici quelques observations depuis la Suède.

Nous avons passé du temps avec un couple d'amis - une femme juive née en Suède que nous avons connue en Israël et qui est retournée à Stockholm, et un garçon juif que j'avais connu à Los Angeles et qui a vécu en Suède ces trente dernières années. Tous deux sont traditionnels dans leurs identités juives - pas religieux, mais fiers d'êtres juifs ; ils soutiennent Israël, mais également un compromis avec les Palestiniens.

La femme m'a dit que ni elle ni aucun juif qu'elle connaît ne portent une étoile de David en public par crainte d'une réaction de la part des Musulmans ou des néo-fascistes. « Je porte à la place un chai[1] parce qu'ils ne savent pas ce que c'est », dit-elle. (Il y a 18.000 Juifs en Suède, jusqu'à 500.000 Musulmans et un petit nombre de néo-fascistes.)

Un soir, nous parlions d'Israël et j'ai dit que lorsque le mouvement sioniste a commencé au début du vingtième siècle, les Juifs avaient besoin d'un Etat à eux à cause de l'antisémitisme, mais que s'il n'y avait pas d'Israël aujourd'hui, personne n'aurait besoin de l'inventer, parce que l'antisémitisme, même s'il est toujours autour de nous, n'est plus aussi oppressif pour que les Juifs soient obligés de quitter leur propre pays.

Mon ami de L.A. a exprimé son désaccord, en disant que sans Israël, le nationalisme juif apparaîtrait encore naturellement aujourd'hui, à cause d'un besoin juif de force, un besoin qu'Israël a rempli. « Des Juifs avec des armes à feu est une idée radicale », a-t-il dit. « Israël donne aux Juifs une image de force. Maintenant, les antisémites savent qu'ils ne peuvent pas toucher si facilement aux Juifs, que les Juifs peuvent riposter ». Notre amie juive suédoise était d'accord.

Ce n'est pas la première fois que j'entends cela. Un vieil homme sud-africain, également un Juif traditionnel, m'a parlé autrefois des défis auxquels il avait été confrontés lorsqu'il débutait comme jeune avocat dans le fief des Afrikaners. « J'étais un Juif de la Diaspora lorsque Israël n'existait pas et je l'ai été alors qu'Israël existait, et permettez-moi de vous dire qu'il y a une différence ».

Alors que j'ai grandi entouré de Juifs à New York et à L.A., je ne me suis à aucun moment senti en insécurité du fait d'être juif ; donc, le fait de me trouver en Suède m'a donné une nouvelle appréciation de l'importance d'Israël. Chose intéressante, je lisais, pendant mon séjour, le roman The Finkler Question, de Howard Jacobson, qui traite de l'insécurité des Juifs à Londres aujourd'hui, et j'ai pensé qu'il devait exagérer. Mais juste après mon retour, Roger Cohen du New York Times, l'un de mes éditorialistes préférés, m'a donné la même image.[2]

Alors, en fait, je suis un peu plus sioniste maintenant que je ne l'étais deux semaines auparavant. Et je ne vois toujours pas de contradiction entre le fait d'être sioniste et penser que les Palestiniens ont autant le droit de se battre pour leur indépendance aujourd'hui que les sionistes l'ont fait avant 1848.

Traduction : [JFG-QuestionsCritiques]


Notes :
__________________________

[1] Objet religieux juif, généralement porté en pendentif et constitué de deux lettres en hébreu. A la fois symbole et mot, chai ou hai signifie « le vivant ».

[2] Voir : "Jews in a Whisper", par Roger Cohen, New York Times, 20 août 2011.


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