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Netanyahou ordonne l'éviction d'activistes palestiniens à proximité de Jérusalem

Par Harriet Sherwood, à Bab al-Chams
The Guardian, 13 janvier 2013

article original : "Israeli PM orders eviction of Palestinian activists outside Jerusalem"

Cette action fait suite à la création d'un village comprenant une vingtaine
de tentes sur un terrain désigné pour le développement de colonies




Le village de tentes dans la zone connue sous le nom de E1, près de Jérusalem.
Photo: Baz Ratner/Reuters

L'Etat israélien est passé à l'action contre un groupe d'activistes palestiniens qui ont installé un village de tentes sur une colline rocheuse à l'est de Jérusalem, avec le Premier ministre Benjamin Netanyahou qui donné l'ordre à l'armée d'évincer les manifestants et d'imposer une zone militaire fermée à cet endroit.

Netanyahou a exigé de la Cour suprême israélienne qu'elle annule une injonction empêchant l'expulsion des manifestants et a ordonné la fermeture des voies d'accès dans la zone en attendant l'évacuation complète.

Tôt dans la matinée de vendredi, environ 200 activistes palestiniens ont établi ce village, appelé Bab al-Chams (« porte du soleil ») et comprenant une vingtaine de tentes, sur une bande de terre très sensible connue sous le nom de E1 et qu'Israël a désignée pour le développement de colonies. Les actions des manifestants rappellent les tactiques des colons radicaux lorsqu'ils établissent des postes avancés sauvages en Cisjordanie.

Voici leur déclaration : « Nous, les fils et les filles de Palestine, déclarons la fondation du village de Bab al-Chams, par ordre du peuple, sans la permission de l'occupation ou de tout autre organisme, parce que cette terre est la nôtre comme l'est notre droit d'y construire ».

Les manifestants ont dit que les tentes ont été dressées sur un terrain palestinien privé, avec l'entière permission des propriétaires. Les activistes ont demandé la protection de la Cour suprême, qui a accordé une injonction contre leur éviction et donné à l'Etat d'Israël jusqu'à six jours pour répondre.

Cette manifestation a été lancée six semaines après l'annonce de Netanyahou de plans pour accélérer le développement de E1, déclenchant une condamnation internationale très ferme. Cette zone, qui fait environ 12 km2, est située entre Jérusalem et la vaste colonie de Cisjordanie Ma'ale Adumim.

L'Autorité Palestinienne et la plupart des diplomates occidentaux disent que le développement de E1 portera atteinte à la perspective d'un Etat palestinien viable, en coupant pratiquement en deux la Cisjordanie et en la séparant effectivement de Jérusalem Est, qui est destinée à être la future capitale d'un Etat palestinien.

Samedi, des quantités de supporters se sont rendus sur ce site, perché à proximité d'un camp de bédouins et à portée de vue d'un immense quartier général de la police israélienne. Les activistes ont préparé du thé à la menthe et du café sur des feux, et des volontaires ont tenu un centre médical dans une tente. Les ordures ont été collectées par une équipe organisée par un membre du « conseil de village » constitué de sept personnes.

Mahmoud Zawahra, l'un des leaders des manifestants, a décrit le village de tentes comme une « résistance constructive ». « Nous faisons partie d'un mouvement de résistance non-violente. Pour nous, cette terre est occupée et nous avons donc créé un village pour stopper le plan israélien de construire une colonie ici », a-t-il dit.

Les manifestants s'attendaient à ce que l'armée passe à l'action, a-t-il ajouté. « Nous résisterons à l'évacuation de façon non-violente ».

Un autre activiste, Samir, qui a refusé de donner son nom, a dit que cette manifestation avait été organisée en secret. « Nous savons que l'armée nous suit sur Twitter et Facebook, alors nous avons fait croire que nous tenions une manifestation ailleurs. »

Les activistes ont été entraînés aux techniques de résistance non-violente, a-t-il ajouté. « Ce n'est pas un camp de scouts, cela est destiné à donner le pouvoir aux Palestiniens sur le terrain. Nous savons que [l'armée] viendra et nous y sommes préparés. »

Tha'ar Aniz, d'Azariya, tout proche, a dit que la température avait beaucoup baissé durant la nuit. « Il faisait très froid. Mais si l'on veut être libre, il faut accepter de telles conditions ».

Samedi, les forces israéliennes de sécurité ont empêché les responsables palestiniens, Hanan Ashrawi et Saeb Erekat, de se rendre sur le site. Plus tôt, Ashrawi avait accueilli l'établissement de Bab al-Chams en disant : « Cette initiative est très créative et c'est un outil non-violent légitime pour protéger notre terre des plans coloniaux israéliens. Nous avons le droit de vivre partout dans notre Etat, et nous appelons la communauté internationale à soutenir de telles initiatives, ainsi qu'à protéger ceux qui sont menacés par les forces d'occupation israéliennes afin qu'ils puissent exercer leurs droits à la résistance pacifique contre l'occupation israélienne illégale ».

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]

À LIRE ÉGALEMENT : Le Conflit Israélo-Palestinien, par Jean-François Goulon (Le Retour aux Sources, Aube, 2012). Ce petit livre passionnant compile les textes des plus grands auteurs israéliens (et quelques autres) qui retracent l'histoire de la Palestine depuis ses origines cananéennes (1800 av. J.-C.) à sa demande d'adhésion à l'ONU.


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