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   Et Si Bush Avait Massivement Volé La Victoire ?
    Par Jean-François Goulon
Questions Critiques, le 5 novembre 2004

Près de 20 millions d'Américains de plus qu'en 2000 se sont déplacés le 2 novembre 2004 pour élire leur 44ème président !

Dans un pays qui traditionnellement boude les élections, les citoyens sont allés voter en masse. Nous avons tous vu sur notre poste de télévision ces files interminables d'électeurs dont Paul Krugman fait l'éloge dans son édito du 2 novembre dans le New York Times "La Foi en l'Amérique". Pour lui, cette démonstration populaire, ce sursaut démocratique, est à n'en pas douter la preuve que l'Amérique veut effacer la tache de l'an 2000, où le président sorti des urnes a été si mal élu. Il nous fait aussi comprendre que la participation massive à cette élection est censée profiter au camp Démocrate. Et il nous livre sa conclusion (épitaphe prémonitoire célébrant la mémoire de la démocratie?) : "…le bien-fondé de la démocratie […] grâce à une élection honnête dans laquelle autant de gens que possible se déplacent pour aller voter et que ces votes soient bien comptés."

Quel genre de démocratie anime la politique de ce pays-continent ? La démocratie du débat d'idées, où celui qui sait le mieux convaincre les électeurs remportera assurément la victoire finale ? La démocratie où l'état se mobilise pour inciter les gens à se déplacer le jour du scrutin ? La démocratie où les urnes sont transparentes et les assesseurs dans les bureaux de vote des arbitres impartiaux dévoués à la cause d'une élection sans tache ? La démocratie où la loi électorale limite l'usage de la publicité pour favoriser le débat d'opinion et permettre au moins fortunés des candidats d'avoir quand même une relative présence médiatique, grâce à un contrôle des temps de parole entre tous les candidats ? Eh bien non ! Ce pays donneur de leçon, qui prétend être le modèle mondial de la démocratie serait bien inspiré de prendre exemple sur la "Vieille Europe".

Aux Etats-Unis, pays du Dieu dollar la campagne électorale à la présidence de la superpuissance mondiale représente la haute saison des coups bas et des coups fourrés. Lisez donc ce que Bob Herbert, un autre éditorialiste au New York Times, en dit dans "Une époque honteuse" : " Chez nous, le parti de l'actuel président foule systématiquement aux pieds le droit de vote des Noirs américains. Cette pratique ignoble et raciste tourne en dérision la revendication du président selon laquelle il prétend favoriser partout dans le monde la vraie démocratie. " Vous y apprendrez comment certains au Parti Républicain rivalisent d'imagination pour dissuader les Noirs de voter. Déjà en 2000, certains comtés de Floride étaient accusés d'avoir rayé (par erreur) des listes électorales 50.000 électeurs issus des quartiers à forte majorité noire, s'appuyant sur la loi inique en vigueur dans 13 états selon laquelle lorsque vous avez effectué une peine de prison vous perdez à vie votre droit de vote.

D'ailleurs le Parti Démocrate n'est pas en reste. Il faut voir comment il a tout fait pour empêcher Ralph Nader, le candidat vert, de se présenter dans plusieurs états, et notamment dans l'Oregon, un des "swing states", ces états qui peuvent faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Lire à ce propos "La guerre des démocrates contre Ralph Nader".

Mais revenons à l'hypothèse que je développe ici, selon laquelle il est possible que Bush ait massivement fraudé dans le scrutin de 2004.

Vous vous souvenez de "France Europe Express", sur FR3, mardi soir où Christine Ockrent était toute joyeuse d'annoncer que les sondages à la sortie des urnes donnaient Kerry largement vainqueur dans un certain nombre d'états clé ? Bien qu'il nous ait été répété à plusieurs reprise durant l'émission que ces sondages étaient à prendre avec des pincettes car bien souvent ils sont contredits par le résultat final, la participation massive et les chiffres de ces sondages portaient à croire que John Kerry était sans aucun doute le 44ème président des Etats-Unis. Inquiétant (et révélateur ?), Richard Perle, "Le Prince des Ténèbres", en duplex dans cette émission n'avait pas l'air très déconfit de la défaite annoncée de son poulain, George W. Bush.

Alors comment expliquer ce revirement entre des sondages à la sortie des urnes et le résultat final de ce scrutin ? Car vous savez maintenant que George W. Bush a officiellement remporté cette élection présidentielle avec près de 4 millions de voix de plus que son rival John Kerry. D'ailleurs, le vice-président Dick Cheney a souligné lui-même qu'il s'agissait "du plus grand nombre de voix jamais obtenu par un candidat à l'élection présidentielle au cours de l'histoire" américaine.

Voulez-vous me faire croire que les Américains se sont déplacés en masse pour dire "Ce président qui nous a précipités dans une guerre dont on ne voit pas bien comment nous allons nous en dépêtrer mérite notre confiance pour un second mandat" ou "Le monde est moins sûr, surtout depuis que nous avons appris que 380 tonnes d'explosif surpuissants ont été dérobés au nez et à la barbe des forces américaines, grâce au 43ème président, nous incite à le réélire car nous sommes persuadés qu'il a retenu la leçon de ses erreurs" ou bien encore "On nous a menti, ce n'est pas grave, on est prêt à en reprendre pour quatre ans" ? Certes, les Démocrates, avec leur arrogance de type "gauche caviar" se sont coupés de l'Amérique profonde qui constitue un réservoir électoral abondant. Comme Nicholas Kristof le fait remarquer dans "Vivre Pauvre Voter Riche" : "Mais que les supporters de Kerry soient en train de fêter leur victoire ou en train de chercher asile à l'étranger, il devraient se sentir minables à propos de ces millions d'agriculteurs, d'ouvriers d'usine et de serveuses qui ont fini par voter - en contradiction totale avec leurs propres intérêts - pour les candidats Républicains. "

Mercredi matin CET , nous étions accrochés au résultat de l'état d'Ohio, considéré cette année comme la Floride de l'an 2000, l'état qui fera basculer la victoire d'un côté ou de l'autre. Vers 6 heures CET, seulement 30% des votes étaient dépouillés dans les districts de Cleveland et de Columbus, les deux grandes villes industrielles de cet état, haut lieu passé de l'industrie sidérurgique américaine, qui ont perdu environ 200.000 emplois durant le premier mandat de Bush. Espoir colossal pour les Démocrates qui comptaient refaire leur retard, ici, alors qu'ils étaient devancés d'environ 100.000 voix par les Républicains et qu'il restait des centaines de milliers de voix à dépouiller dans ces deux bastions que l'on croyait Démocrates. Le résultat : en fin de dépouillement, Bush avait encore accru son avance de 40.000 voix !

A la mi-août 2003, le directeur général de la société Diebold Inc., Walden O'Dell, un Républicain de longue date dédié corps et âme à la cause du Parti déclare devant une centaine d'amis très riches et connus pour leur soutien au Parti de l'Eléphant, réunis chez lui pour un raout de financement de la campagne de George W. Bush : "Je me suis engagé à livrer, l'année prochaine, le suffrage de l'Ohio au président." Vous me direz, qu'y a-t-il de mal à se battre pour faire avancer sa cause en militant assidûment pour le Parti auquel on est affilié ? Aucun assurément, sauf lorsque l'on représente un des leaders de l'industrie américaine de la machine à voter. Vous savez, ces machines à écran tactile qui ne vous délivrent pas de reçu papier et qui ont été au cœur de deux ans de polémiques aux Etats-Unis. Dans un article effrayant, publié le 9 novembre 2003, "L'ère du digital ou l'art de façonner la politique", Mélanie Warner nous explique que Diebold Inc., basée justement en Ohio est un des plus grands fournisseurs de l'Amérique en machines à voter. Elle nous rapporte que David L. Dill, professeur de science informatique à l'Université de Stanford, a déclaré: "Si j'étais un développeur dans une de ces sociétés et que je voulais voler une election, ce serait très facile. Je pourrais mettre quelque chose dans le logiciel qui serait indétectable, et qui changerait les votes d'un parti vers l'autre. Et vous pourriez le faire de manière à ce que cela ne s'avère pas anormal comparé aux statistiques."

Les différents modèles de machines à voter de Diebold sont : "Accuvote-ES-2000" et "AccuVote-OS-Tabulator" pour les scanners optiques ; "Accu-touch Electronic Ballot Station" et "AccuVote TS Ballot Station" pour les machines à écran tactile. Sur la base des listes électorales de 2000, 10.856.206 électeurs inscrits et 14.007.066 électeurs potentiels sont concernés par les scanners optiques de Diebolt, 10.015.109 électeurs incrits et 15.295.882 électeurs potentiels sont concernés par les machines à écran tactile de cette même société. source : Election Data Service

Et vous savez quoi ? On vient de découvrir qu'une erreur due à une machine à voter a attribué 3.893 voix de trop à Bush dans l'Ohio. En Caroline du Nord, une erreur "d'interprétation informatique" a oublié de compter 4.500 voix. Lire l'article d'Associated Press.

Voici la carte des systèmes de vote sur l'ensemble du territoire américain :



Nous avons interrogé le correspondant du nouvel obs aux Etats-Unis, Philippe Boulet-Gercourt. Voici ce qu'il nous a répondu: "Ce serait bien. Mais non. Ils ont voté pour lui. 58 millions. Massivement".

"Bien entendu, tout cela est par définition improuvable. Mais est-ce vraiment impossible ?" nous a dit un internaute après avoir lu cet article

Quant à moi, je persiste et signe : beaucoup d'éléments portent à croire que cette élection n'a pas été honnête !

A vous de vous faire votre propre opinion…

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