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Ban Ki-moon exige une enquête sur l’attaque israélienne contre les sièges de l'ONU à Gaza

Par
The Guardian, le 21 janvier 2009

article original : "UN chief demands investigation into Israeli attack on Gaza headquarters"

• Ban Ki-Moon est visiblement en colère à la vue des bâtiments de l'ONU incendiés
• Les Palestiniens estiment les dommages aux propriétés à 1,4 milliards d’€


Dans sa tournée de maintien de la paix au Proche-Orient, le Secrétaire Général des Nations-Unies, Ban Ki-moon, a visité hier la Bande de Gaza et la ville de Sderot, dans le sud d’Israël. Il a réclamé une enquête complète sur le pilonnage par Israël de trois de ses immeubles dans la Bande de Gaza, durant l’assaut de trois semaines contre le Hamas.

C’est un Ban Ki-moon visiblement furieux qui a condamné comme « scandaleuses, choquantes et alarmantes » les destructions dont il a été témoin dans sa tournée à Gaza, et il a décrit la violence déployée à la fois par Israël et les roquettes du Hamas comme un « usage excessif » de la force .

« Les scènes dont j’ai été témoin crèvent le cœur et je suis profondément affligé par ce que j’ai vu aujourd’hui », a-t-il déclaré, avec en toile de fond l’aide alimentaire encore fumante dans un entrepôt de l’ONU, détruit jeudi dernier par un tir israélien.

Exigeant une enquête judiciaire appropriée et des garanties que les bâtiments de l’ONU ne seront plus attaqués à l’avenir, Ban Ki-Moon a déclaré : « Je suis tout simplement révolté. Je ne peux pas décrire ce que je ressens, après avoir vu le site du bombardement de ces installations de l’ONU. C’était une attaque scandaleuse et totalement inacceptable contre les Nations-Unies. »

Un assistant de Ban Ki-moon a dit que celui-ci était venu pour exprimer sa solidarité aux Palestiniens qui avaient souffert durant l’attaque de 22 jours d’Israël.

Les commentaires du secrétaire général font suite aux remarques furieuses livrées par des responsables de l’UNRWA (l’Agence aux Réfugiés Palestiniens), le week-end dernier, après que deux enfants ont été tués par un obus israélien tiré sur une école, où des centaines de personnes avaient trouvé refuge. Ces responsables ont alors réclamé une enquête pour de « possibles crimes de guerre ».

Durant le conflit, des obus israéliens ont frappé les sièges de l’ONU à Gaza, ainsi que deux écoles onusiennes, tuant près de 40 personnes près d’une école, dans l’un de ces pires incidents.

Bien que l’armée israélienne ait annoncé samedi qu’elle lancerait une enquête au « plus haut niveau » sur les cinq incidents les plus controversés où des civils ont été tués – y compris avoir visé des bâtiments de l’ONU – il a semblé que cette enquête était jugée d’avance, du fait que les enquêtes initiales par les Forces de Défense d’Israël avaient montré que des tirs hostiles provenaient de ces cinq sites ou à proximité avant qu’ils ne soient frappés.

Les commentaires de Ban Ki-moon sont arrivés en même temps que ceux de la ministre israélienne des affaires étrangères et dirigeante du parti Kadima, Tzipi Livni, qui a bien fait comprendre qu’Israël prendrait en considération de répondre favorablement à une résolution du Conseil de Sécurité, exigeant une levée totale du blocus économique de Gaza – en force depuis un an et demi –, lorsque le Hamas aura libéré le caporal Gilad Shalit, en captivité depuis 2006.

« C’est un soldat de Tsahal », a déclaré la ministre des affaires étrangères, lors d’un discours à Rishon Lezion. « Nous l’avons envoyé pour défendre le pays et nous avons l’obligation de le faire récupérer.

« Si le Hamas pense qu’il veut obtenir quelque chose au-delà d’une assistance humanitaire, que nous apporterons de toute manière, nous avons quelqu’un qui est très important pour nous et pour moi ; une chose dépend de l’autre. »

Plus tôt dans la journée, des milliers de supporters du Hamas se sont rassemblés sur une place à côté des restes du bâtiment du parlement dans la ville de Gaza, qui a été lourdement endommagée dans une attaque aérienne israélienne, pour ce que les dirigeants du groupe ont dépeint comme un rassemblement de victoire. Deux hommes arboraient une pancarte en hébreu sur laquelle était écrit : « La résistance vaincra, Israël a été défait ».

Les estimations financières du coût total du bombardement israélien de Gaza reflètent l’étendue de la destruction : le Bureau Central Palestinien des Statistiques évalue les dommages totaux aux propriétés à 1,9 milliards de dollars [1,4 milliards d’€].

Le chef humanitaire de l’ONU, John Holmes, s’exprimant depuis New York, a déclaré que le personnel de l’organisation à Gaza essayait de « découvrir autant que possible l’étendue des dégâts et la hauteur des besoins ».

Il a déclaré : « Sur le plan purement humanitaire et pour les premières reconstructions… ça coûtera des centaines de millions de dollars et il ne fait aucun doute que les coûts globaux de reconstruction s’élèveront à des milliards de dollars, mais je ne fixerais aucun chiffre à ce stade. »

L’Arabie Saoudite a déjà promis 1 milliard de dollars pour la réparation des dommages. Les ministres des affaires étrangères de l’Union Européenne doivent se réunir à Bruxelles très rapidement pour discuter de l’aide humanitaire et des exigences israéliennes pour empêcher l’entrée d’armes de contrebande dans Gaza.

Plus de 1.300 Palestiniens ont été tués dans les attaques israéliennes, qu’Israël prétend avoir menées pour mettre fin aux attaques transfrontalières à la roquette et détruire les infrastructures du Hamas.

Le Hamas a déclaré que 5.000 maisons, 16 immeubles gouvernementaux et 20 mosquées ont été détruits et que 20.000 maisons avaient été endommagées dans cet assaut. Israël a affirmé que les partisans de la lutte armée cachaient des armes dans les mosquées. Les groupes militants palestiniens ont déclaré que 112 de leurs combattants et 180 policiers du Hamas avaient été tués. Israël fixe ses morts à 10 soldats et dit que trois civils ont été tués dans les attaques à la roquette.

Des responsables médicaux ont confirmé que 700 civils palestiniens avaient été tués et que ce chiffre augmenterait probablement alors que les survivants retournent chercher parmi les décombres de leurs maisons en ruines. Jusqu’à 400.000 Gazaouis ont été laissés sans eau courante.

Israël, qui a accusé le Hamas de mettre en danger les non-combattants en opérant dans les zones fortement peuplées, a affirmé que des centaines de combattants du Hamas figuraient parmi les morts.

A Genève, la directrice générale de l’Organisation Mondiale de la Santé, Margaret Chan, a lancé une alerte sur la crise sanitaire qui pointe parmi les 1,5 million de Gazaouis. Elle a déclaré qu’elle était « profondément préoccupées » par l’interruption des immunisations et autres mesures de soins préventifs, ainsi que par la capacité limitée en lits d’hôpitaux à Gaza.

Hier soir, un Israélien a été la cible de tirs et a été gravement blessé, alors qu’ils conduisait près de la colonie d’Hashachar, en Cisjordanie. L’armée al-Bashair, dont on n’avait jamais entendu parler auparavant, a revendiqué cette attaque.

Traduction : JFG/QuestionsCritiques

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