accueil > terrorisme


COMMENT PERDRE LA GUERRE CONTRE LA TERREUR

1ère PARTIE :

Parler avec les 'terroristes'

par Mark Perry et Alastair Crooke

Asia Times Online, le 31 mai 2006, "PART 1: Talking with the 'terrorists'"

Alastair Crooke et Mark Perry sont les codirecteurs du Conflicts Forum, groupe basé à Londres et qui se consacre à produire une ouverture vers l'Islam politique. Crooke est l'ancien conseiller pour le Proche-Orient de Javier Solana (le Haut-Représentant de l'Union Européenne) et a servi en tant que membre actif de la Commission Mitchell, qui a enquêté sur les causes de la deuxième Intifada. Perry est consultant politique et est basé à Washington DC. Il a écrit six ouvrages sur l'Histoire des Etats-Unis et a été le conseiller personnel de Yasser Arafat.

______________________________

Soixante-douze heures avant que le peuple irakien n'élise son nouveau parlement, le 12 décembre 2005, un haut-responsable de l'administration étasunienne nous a déclaré que "les données détaillées reçues par la Maison Blanche" indiquaient une "nette victoire" pour la Liste Nationale Irakienne d'Iyad Allaoui. "La victoire d'Allaoui renverse les rôles aux dépends des insurgés", disait cet officiel avec jubilation. "Le sectarisme sera le grand perdant."

Pendant les deux jours qui ont suivi, le futur triomphe d'Allaoui a été claironné à de nombreuses reprises et les réseaux d'information étasuniens ont relayé la nouvelle en citant les officiels de l'administration. Des semaines plus tard, lorsque les résultats de l'élection furent connus, il devint clair que la Maison Blanche avait surestimé la popularité d'Allaoui : son parti ne reçut qu'à peine plus de 5% des suffrages !

La veille des élections législatives palestiniennes, fin janvier, des sondages palestiniens, financés par les Etats-Unis, semblaient indiquer que si le Fatah (le principal mouvement) avait perdu une grande part de son soutien populaire, on s'attendait à ce que le Hamas ne gagne pas plus d' "un tiers des 132 sièges de cette législature".[1] Le 27 janvier, lorsque les résultats du scrutin furent complets, il était clair que non seulement le Fatah avait été défait, mais que le Hamas avait remporté l'élection (et donc le pouvoir) de façon écrasante. Un article bien visible, à la une du Washington Post, exposait que la Secrétaire d'Etat Condoleeza Rice était "stupéfiée" de ces résultats, puisque la victoire du Hamas contredisait tout ce que l'administration du Président George W Bush croyait à propos de la société palestinienne.[2]

Juste deux semaines après la victoire du Hamas, le 6 février 2006, le dirigeant libanais maronite, Michel Aoun, et le Cheik Hassan Nasrallah apparurent ensemble à Beyrouth pour signer un protocole d'entente entre le Mouvement Patriotique Libéral et le Hezbollah. L'accord Aoun-Nasrallah a secoué le Département d'Etat, qui avait travaillé pendant des années à isoler le Hezbollah.

Les Etats-Unis avaient souligné à Michel Aoun, dès le 23 novembre, leur stratégie anti-Hezbollah, lorsque celui-ci rencontra les responsables du Département d'Etat à Washington. Le Département d'Etat écartait avec insouciance l'importance des pourparlers que le mouvement d'Aoun avait eus avec le Hezbollah et rassura la presse en disant qu'Aoun resterait un supporter loyal de la politique libanaise des Etats-Unis. Les Américains pensaient que le dirigeant des Chrétiens maronites du Liban ne lierait certainement jamais l'avenir de son propre mouvement à celui d'un groupe allié avec Damas et Téhéran.

Cependant, dans le sillage de l'accord Aoun-Nasrallah, tout cela a changé : non seulement le soutien d'Aoun au programme mené par les Etats-Unis contre la Syrie était remis en question, mais son accord avec le Hezbollah signifiait qu'il justifiait les présumés enlèvements d'Américains au Liban pendant les années 80.[3] Du jour au lendemain, il semblait qu'Aoun était passé du statut d'ami des Etats-Unis à celui d'allié des terroristes.

L'échec d'Allaoui, la victoire du Hamas et l'accord Aoun-Nasrallah — ainsi que l'incapacité de l'Occident à prédire, façonner ou même simplement comprendre ces événements déterminants — ont été diversement interprétés : Comme un signal selon lequel le monde du renseignement étasunien a besoin de ressources accrues ; Que l'Occident n'a pas fait assez pour vendre son "programme" dans la région ; Que les Etats-Unis et leurs alliés n'ont pas été assez durs dans leur condamnation du "radicalisme" ; Que l'Occident a sous-estimé la quantité de soutien dont leurs alliés ont besoin ; Et, (dans le cas des élections palestiniennes) qu'en réalité, le Hamas n'avait pas gagné du tout — que c'était "le Fatah qui avait perdu".

Mais notre propre conclusion est bien plus fondamentale et plus alarmante : Les gouvernements occidentaux sont terriblement déconnectés des courants politiques principaux au Proche- et au Moyen-Orient. Les Etats-Unis et leurs alliés ont surestimé la force d'Iyad Allaoui, ont été "assommés" par la victoire du Hamas et ont été surpris par l'accord Aoun-Nasrallah, parce qu'ils n'avaient pas la moindre idée de ce qui se passait dans cette région.

Alors, pourquoi ?

À l'exception d'Israël (là où une appréciation des réalités, par les Etats-Unis et l'Europe, est cruciale pour formuler une politique), il y a, entre autres, cinq mouvements ou gouvernements politiques au Proche-Orient qui revêtent une importance indéniable : l'Iran, la Syrie, le Hezbollah, le Hamas et les Frères Musulmans. Les gouvernements Occidentaux ne veulent parler à aucun d'eux.

Ils parlent aux dirigeants de l'Egypte, de l'Arabie Saoudite, du Pakistan et de la région du Golfe Persique ; mais le résultat net de la plupart de ces contacts est que les gouvernements occidentaux dépendent, pour leurs informations concernant la région, de tout un éventail de clients, qui, le plus souvent, ne font que refléter ce que les Occidentaux veulent que soient le Proche- et le Moyen-Orient, plutôt que ce qu'ils sont vraiment. Voyons plutôt : Iyad Allaoui s'est trompé lorsqu'il a assuré aux responsables étasuniens que les électeurs irakiens rejetteraient le sectarisme ; Le Fatah s'est trompé lorsqu'il nous a déclarés qu'en acceptant le financement étasunien pour sa campagne, sa légitimité auprès des électeurs palestiniens s'accroîtrait ; Et, le dirigeant libanais Saad Hariri s'est trompé lorsqu'il a déclaré au gouvernement américain que son programme pour isoler le Hezbollah marcherait.

Ce clientélisme n'est pas nouveau ; il est plutôt la continuation de l'interprétation erronée qui a conduit les responsables étasuniens et britanniques à croire que leurs soldats rouleraient jusqu'à Bagdad sur des routes parsemées de fleurs.

Une fois encore, nous nous sommes fait "Chalabiser".[4]

Première rencontre

En août 2004 — dans une initiative destinée à produire une ouverture vers l'Islam politique — une délégation, qui comprenait les auteurs de cet article, a voyagé jusqu'à Beyrouth pour des discussions avec les dirigeants du Hamas et du Hezbollah. Nous étions accompagnés de Bobby Muller, l'Américain célèbre pour sa défense de la cause des anciens-combattants du Vietnam et son action politique reconnue pour son leadership dans la campagne contre les mines antipersonnel, et par le Dr Beverley Milton-Edwards, professeure au Queen's College à Belfast et spécialiste du Hamas.

Notre but était d'entamer un processus qui, espérions-nous, finirait par persuader les gouvernements occidentaux de reconnaître les mouvements politiques, dont la légitimité politique dérivait d'une base large de soutien populaire dans leurs propres communautés, et de s'ouvrir à eux. Nous savions que nos rencontres seraient controversées : tant le Hamas que le Hezbollah étaient sur la liste des organisations terroristes proscrites par les Etats-Unis et l'Union Européenne[5], les deux ayant été accusés d'avoir participé ou de participer dans le ciblage de civils et les deux ayant juré l'inimitié permanente contre Israël — qui bénéficiait du soutien des Etats-Unis et de ses alliés européens.

Même ainsi, les déclarations publiques du Hamas et du Hezbollah reflétaient un désir de renforcer leur légitimité politique en embrassant les élections — le Hamas envisageait alors d'inscrire des candidats dans les élections législatives palestiniennes qui étaient prévues, tandis que le Hezbollah était engagé dans une campagne législative nationale dans laquelle ses candidats gagnaient un soutien croissant. Et puis, aussi, malgré les déclarations de l'administration Bush liant ces deux groupes à al-Qaïda et aux "groupes en relation", ces deux mouvements avaient condamné les événements du 11 septembre 2001, ayant publiquement déclaré leur volonté d'ouvrir des contacts avec les Etats-Unis et l'Europe, et tous deux avaient maintenu que leur conflit avec Israël était légitime et n'avait rien à voir avec l'Occident.

Notre organisation était l'une des premières à rechercher une telle ouverture, bien que diverses organisations religieuses et un groupe de réflexion étasunien avaient engagé des discussions avec ces groupes. Mais rien n'était sorti de ces rencontres. À une occasion, lors d'une conférence dans la région du Golfe avec des officiels du Saban Center de l'Institut Brookings, les dirigeants du Hezbollah et du Hamas quittèrent les discussions en colère "après avoir été sermonnés au sujet du 'terrorisme'.

Nous pensions que pas grand chose ne pouvait être obtenu en échange d'accusations. Par conséquent, nous avons travaillé à rassurer nos interlocuteurs que ce n'était pas dans notre intention de nous engager dans des réprimandes ou de présenter des ultimatums en amont de nos discussions. Comme assurance supplémentaire, nous avons dit aux dirigeants de ces deux mouvements que notre intention était d'écouter — et pas seulement de parler. Nous avons proposé de ne pas appeler nos rencontres "dialogue", mais "exercice pour une écoute réciproque".

Après plusieurs autres rencontres privées préliminaires, nous nous sommes engagés vers deux rencontres plus étoffées, amenant à Beyrouth, en mars et juillet l'année dernière, un groupe comprenant d'anciens diplomates étasuniens et britanniques ainsi que des officiers des services de renseignements occidentaux à la retraite. À ce stade, notre "exercice d'écoute mutuelle" avait été élargi pour inclure les Frères Musulmans libanais et le Jamaat e-Islami du Pakistan. Même ainsi, notre préoccupation restait le Hamas et le Hezbollah.

Nous avons demandé à chaque groupe de commencer les sessions par une présentation sur le thème "Où en est, selon-vous, la situation au Proche- et au Moyen-Orient, comment y voyez-vous votre rôle et où pensez-vous que cela mène ?" Nos discussions étaient directes, touchant presque tous les sujets sensibles (tant pour ces groupes que pour l'Occident) : attaques-suicides, attaques contre Israël, compatibilité entre la démocratie et la loi islamique, philosophies sur la façon de gouverner, compatibilité entre l'économie islamique et la mondialisation, leurs vues sur al-Qaïda et l'Islam radical — de même que des questions revêtant pour eux un intérêt particulier.

Nous savions que dans nos discussions il y aurait des moments difficiles et notre délégation est arrivée bien préparée : chaque délégué avait servi au Proche- et/ou au Moyen-Orient, souvent dans des situations de conflit. Dans notre équipe, tous, sans exception, connaissaient l'histoire des groupes avec lesquels nous allions discuter et tous connaissaient bien leurs personnalités, leurs dirigeants et leurs objectifs politiques. Un grand nombre avait servi dans de hautes fonctions — ambassadeurs, officiers militaires ou responsables des services secrets occidentaux.

Alors que nos rencontres avec les dirigeants de l'Islam politique n'étaient pas secrètes, les rencontres elles-mêmes étaient privées. À cause de la sensibilité des sujets couverts, un certain nombre de nos délégués préférèrent que leur participation ne soit pas mise en valeur et que les déclarations faites lors des sessions les plus informelles qui ont eu lieu entre les sessions ne soient pas utilisées du tout. Finalement, nous avons confirmé que — sauf acceptation explicite individuelle des délégués — nous ne pourrions décrire ce qui avait été dit qu'en termes généraux.

Ceci dit, nos délégations (dont les membres ont varié entre les deux rencontres, qui ont eu lieu sur une période de cinq mois) incluaient les quatre délégués originaux du Conflicts Forum, plus trois anciens officiers de la CIA, un producteur de télévision très connu, un ancien membre de la Commission Mitchell [6], un ancien ambassadeur, deux activistes du Proche-Orient et le chef d'une fondation étasunienne s'occupant du Proche- et du Moyen-Orient.

Certains de nos délégués étaient anxieux à l'idée de se retrouver confrontés à nos interlocuteurs — en particulier, ceux du Hamas et du Hezbollah — quant à leur utilisation de la violence, tandis que d'autres étaient sceptiques sur toutes demandes de ces groupes de prendre rendez-vous avec les Etats-Unis, et presque tous nos délégués avaient souffert de la perte d'amis proches dans les conflits de la région. On ne peut vraiment pas dire que les membres de notre délégation sont arrivés à Beyrouth avec de la sympathie pour ces groupes avec lesquels nous allions discuter ! La sympathie n'était pas requise, mais une appréciation réaliste et détachée des intérêts étasuniens et autres intérêts occidentaux nécessitaient que nous regardions les faits comme ils sont.

Le Hezbollah : 'Pas une menace pour l'Amérique'

Notre interlocuteur pour le Hezbollah, Nawaf Moussaoui (le chef du département des relations étrangères du groupe), fut prié à plusieurs reprises d'expliquer les attaques putatives du Hezbollah contre les Américains, pendant les années 80 en plein milieu de la Guerre Civile Libanaise. Il fut étroitement questionné sur le rôle de son mouvement dans le bombardement de la caserne du Corps des US Marine à Beyrouth en 1983, sur la torture et la mort du colonel des marine Rich Higgins et des liens de son organisation avec le cerveau terroriste Imad Mughniyah, que l'on pense être le chef de l'appareil de sécurité extérieure du mouvement. La réponse de Moussaoui fut sans détour et catégorique : "Nous n'avons pas de sang américain sur nos mains". Il a répété cette déclaration à plusieurs reprises jusqu'au point d'insistance.

Lorsqu'il fut pressé à nouveau d'expliquer les liens du Hezbollah avec Imad Mughniyah, Moussaoui refusa de mentionner son nom, secoua la tête et fit face à ses interrogateurs : "Si nous ouvrons tous les dossiers sur la guerre civile, alors les Américains ne pourrons pas mettre les pieds dans les bureaux de quelque parti politique que ce soit au Liban.

"Au sein de l'administration des Etats-Unis, tout le monde sait que nous ne sommes pas une organisation terroriste ou que nous constituons une menace pour l'Amérique", a-t-il dit. "Il s'agit de politique et de la prise de tête psychologique d'Israël concernant le Hezbollah. Nous n'élevons pas nos enfants pour qu'ils haïssent l'Amérique. Israël est notre ennemi, pas les Juifs — ce n'est pas une guerre religieuse contre les Juifs. Notre guerre est contre l'occupation — c'est tout."

Plus tard, lors de discussions privées avec un grand nombre de nos délégués, Moussaoui a répété son affirmation selon laquelle le Hezbollah n'était pas affilié avec Mugniyah et que l'organisation "n'a pas de sang américain sur ses mains".

L'échange avec Moussaoui, son insistance et son ton inébranlable incitèrent plusieurs de nos délégués à retourner aux Etats-Unis pour enquêter à nouveau sur la période de la Guerre Civile Libanaise. Des officiels étasuniens, anciens et actuels, furent questionnés étroitement sur la source de leur information concernant les activités du Hezbollah dans les années 80 et les liens de cette organisation avec Mughniyah.

Les échanges à Washington ont soulevé des doutes sur les liens actuels de Mughniyah avec cette organisation et sur le rôle de ce mouvement pendant la période de la prise d'otages au début des années 80. Bref, ces rapports suggéraient que l'information relative à la participation du Hezbollah dans des actions terroristes passées, contre des institutions et des personnes étasuniennes, ait très bien pu avoir été basée sur des informateurs servant un intérêt particulier. Pour l'antiterrorisme américain, les accusations sur la responsabilité du Hezbollah peuvent très bien avoir été rapporté aux services secrets des Etats-Unis pour saper l'influence croissante du Hezbollah aux dépends des autres partis.

Mais même si ces incidents passés ("le bagage qu'ils mettent sur la table", selon les mots d'un délégué) devaient d'une manière ou d'une autre être dissipés, il y a peu d'espoir pour une rencontre directe entre les Etats-Unis et le Hezbollah. "Ceci prendra beaucoup de temps et nécessitera beaucoup de travail. Cela ne se produira pas facilement, ni vite — et cela pourrait ne pas se produire du tout", a dit un ancien officier de la CIA à la suite de nos discussions. "Il y a trop de méfiance."

Au cours de nos discussions, les dirigeants du Hezbollah ont maintenu que leurs actions étaient et sont justifiées et qu'elles peuvent être défendues comme étant une résistance légitime. "Nous ne visons pas les civils", a déclaré Moussaoui lors de nos rencontres de mars 2005. "Même si Israël occupait le Sud-Liban, nous étions absolument vigilants pour être sûrs que nos actions ne mettaient pas en danger les civils israéliens et nous avons même stoppé des opérations où les familles israéliennes de militaires auraient été mises en danger par nos actions. Vous ne pouvez pas dire la même chose d'Israël."

Les affirmations du Hezbollah selon lesquelles l'usage qu'il fait des armes était simplement une question de légitime-défense a rencontré un scepticisme très partagé, de même que sa tentative de minimiser son soutien à la Syrie et à l'Iran et sa dépendance sur les deux pays pour le soutien politique et (dans le cas de l'Iran) financier. Malgré cela, Moussaoui a insisté sur le caractère libanais de son mouvement : "Nous sommes libanais", a-t-il déclaré. "Nous sommes nés ici. Nous mourrons ici. Nous ne sommes pas venus d'ailleurs."

Moussaoui est resté inébranlable lorsqu'il a répondu aux exigences étasuniennes que le mouvement désarme et renonce à la violence. "Je pense que pour avoir une politique fructueuse dans la région, Israël doit être confronté", a-t-il dit.

"Un règlement politique exige une égalité de puissance. Israël a les cartes en main. Alors pourquoi nous demande-t-on de nous rendre ? Autant que nous sommes concernés, ce n'est dans l'intérêt de personne, y compris des Etats-Unis, d'affaiblir les Arabes. Aussi, ces quatre dernières années, y a-t-il eu la stabilité au Liban et même, jusqu'à un certain point, sur la frontière. Les armes du Hezbollah l'ont permis."

Mais, la présentation, par Moussaoui, du point de vue du Hezbollah sur son rôle politique au Liban — alors qu'il était assiégé à la fois par les manifestations marquant l'assassinat de Rafik Hariri et par la campagne intense pour les sièges au parlement libanais — fut peut-être la plus intéressante et la plus détaillée. "Nous sommes prêts à travailler dur pour maintenir l'unité des Musulmans et éviter la fitna [la division]. Nous souhaitons éviter de transformer les protestations et les manifestations en division sectaire, ce qui est la raison pour laquelle nous sommes prêts à faire de telles ouvertures."

En fait, le Hezbollah et le Mouvement Patriotique Libéral du Maronite Michel Aoun étaient alors, en mars 2005, engagés dans une série d'échanges privés délicats pour forger un consensus national — un consensus que les deux parties appelaient de leurs vœux et qui aurait fini par inclure les partisans sunnites de Saad Hariri (le "Bloc de l'Avenir") et le parti druze de Walid Joumblatt. Les résultats de ces premières tentatives d'échange ont désormais été rendus publics, avec les dirigeants de tous les principaux groupes politiques sectaires du Liban se rencontrant dans une tentative de forger une entente commune.

Après la fin de cette session de dialogue, qui s'est terminée début mars 2005, les dirigeants des différents mouvements et factions acceptèrent le désarmement des milices palestiniennes, opérant à l'extérieur des camps de réfugiés palestiniens du Liban, et acceptèrent que les relations avec la Syrie fussent conduites sur les bases de la "compréhension mutuelle et de la non-interférence". L'entente entre les Maronites et le Hezbollah, en février 2006, a constitué le socle de ces discussions, bien qu'un accord complet sur toutes les questions auxquelles le Liban était confronté s'avérât hors d'atteinte. Après un troisième round de discussions, qui se termina le 20 mars de cette année, deux questions politiques difficiles sont restées sans solution : le statut sur les armes du Hezbollah et le futur de la présidence libanaise, actuellement entre les mains d'Emile Lahoud, qui est considéré comme pro-syrien.

Lors de la deuxième rencontre de notre délégation, en juillet 2005, les capacités politiques personnelles de Nawaf Moussaoui étaient entièrement démontrées — il présenta une analyse siège par siège des élections législatives (le succès du Hezbollah, ayant remporté une partie importante des sièges qui étaient disputés) et les manœuvres politiques du mouvement pour construire des alliances politiques au-delà des lignes sectaires. La dissertation remarquablement détaillée de Moussaoui, son ouverture évidente à toute initiative de la part des Etats-Unis pour établir une relation sérieuse et ses affirmations répétées que le Hezbollah est "avant tout, un parti libanais", tout ceci était déclaré avec une telle conviction qu'un grand nombre des membres parmi les plus sceptiques de notre délégation furent convaincus que le Hezbollah "n'est pas intéressé à ce que les Syriens restent au Liban. Leurs manifestations de masse en solidarité avec la Syrie semblent plutôt être une vague d'adieu et de remerciements avant qu'ils ne débutent le processus compliqué consistant à définir leur propre autonomie et à équilibrer les divers éléments dans ce processus politique complexe".

D'autres n'en étaient pas sûrs : "Cela va être difficile, voire impossible, pour les Etats-Unis de parler à un groupe apparemment autant lié avec l'Iran", s'est demandé un des participants.

Finalement, et c'est peut-être le plus important, la présentation de Moussaoui reflétait les vues pessimistes, tant personnelles que de son mouvement, sur l'avenir de la région et la campagne des Etats-Unis contre le terrorisme. De toute évidence, tandis qu'il était "assez prudent et même astucieux" (selon les mots d'un de nos délégués) sur les liens de son mouvement avec l'Iran, il l'était moins sur les vulnérabilités du Hezbollah vis-à-vis de "la tendance Kharidjite". Faisant remarquer que "des sites internet salafistes et takfiri" de premier plan avaient "en fait désigné des dirigeants du Hezbollah à l'assassinat", Moussaoui a déclaré que ces "mouvements djihadistes", y compris al-Qaïda, "représentent en fait une plus grande menace pour mon peuple et pour la population palestinienne que pour les intérêts occidentaux.[7] C'est le véritable danger et les Etats-Unis doivent le reconnaître."

S'ils sont de telles cibles, nous a expliqué Moussaoui, c'est parce que "les Djihadistes pensent que nous sommes trop modérés, trop disposés à participer aux processus démocratiques — qu'ils perçoivent comme étant juste un nouveau complot impérialiste pour dominer notre région, encouragé par les Américains".

Le Hamas : Une mise en garde pour l'Ouest

Nos délégués manifestèrent plus d'intérêt pour les rencontres avec le Hamas que pour celles avec le Hezbollah, en grande partie parce que — ainsi que les dirigeants du Hamas, que nous avons rencontrés, admirent sans hésiter — les officiels étasuniens et européens avaient rejeté tout contact avec leur mouvement après le début de la deuxième Intifida. Les dirigeants du Hamas avec lesquels nous avons parlé ont affirmé n'avoir pas rencontré un seul Américain "depuis la fin des années 90", tandis qu'un autre a déclaré que sa dernière rencontre avec un Américain remontait à 1996.

Avec notre premier contact, nous voyions ces rencontres comme "une chance de balayer les idées fausses sur qui nous sommes et ce que nous voulons". Comme dans le cas de notre rencontre avec le Hezbollah, les échanges furent directs et concentrés sur les zones de profond désaccord concernant la conduite du conflit israélo-palestinien. La direction du Hamas, présente à notre première rencontre à Beyrouth, qui incluait Sami Khater, Moussa Abou Marzouk et Oussama Hamdan, commença l'échange par une déclaration simple et directe à propos des croyances politiques du Hamas et de ses objectifs. "Nous poursuivrons la lutte pour apporter l'unité nationale et pour faire cesser l'agression israélienne. Nous participerons aux élections palestiniennes, nous établirons un cadre de travail pour reconstruire l'OLP [Organisation de Libération de la Palestine] afin qu'elle représente tous les Palestiniens, nous offriront la trêve à Israël et nous continuerons notre travail pour nous assurer qu'Israël abandonne la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem. Nous n'approuvons pas les meurtres, mais nous soutenons la résistance."

Durant notre premier engagement, en mars 2005, l'échange le plus détaillé porta sur la longue période durant laquelle, lors de la deuxième Intifada, le Hamas prit pour cible des civils israéliens, dans une série d'attentats à la bombe contre des cafés et des autobus. Au tout début, les dirigeants du Hamas justifiaient leurs actions en citant leur droit à une résistance légitime et les fondements religieux derrière leur décision de prendre des civils pour cibles. Mais tandis que la discussion progressait, les dirigeants du Hamas avancèrent une défense, de plus en plus assurée, de leurs tactiques, faisant remarquer, à un moment, que leur décision n'avait pas été prise à la légère ou sans y réfléchir et qu'elle n'avait été prise qu'après qu'il devint clair qu'Israël refusait la réciprocité de la proposition du Hamas de mettre fin aux cibles civiles.

"Nous sommes contre le fait de prendre des civils pour cibles", déclara Moussa Abou Marzouk. "Et nous ne l'avons pas fait avant 1994 — après le massacre de la mosquée d'Hébron [par le colon Baruch Goldstein]. Puis ils lui ont construit un mausolée à Hébron. Et à ce stade, alors que nous n'avions jamais été attaqués de cette manière auparavant, nous avons conclu que les Israéliens tuent des civils. Mais personne ne pose de questions sur les civils palestiniens. Ces cinq dernières années, 347 civils palestiniens ont été tués. Les chiffres que vous voyez sont exactement inverses pour les morts israéliens et palestiniens. Qu'en est-il des civils palestiniens qui sont pris pour cible ? Et des maisons et des fermes de Palestiniens qui sont détruites ? Les Israéliens ont rejeté notre offre et nous avons fait cette offre, que les deux camps devraient cesser de tuer des civils. Mais ils ont rejeté cette offre."

Toutefois, pressés sur leur ciblage des civils, les dirigeants du Hamas semblaient contredire leurs déclarations précédentes en exprimant leur conviction qu'il n'y a aucune distinction entre les civils et les soldats israéliens. "Chaque Israélien est un soldat", a dit l'un d'eux. "Les colons sont armés".

À la question leur demandant si, de leur point de vue, le terrorisme "marchait", ils ont répondu que cela servait à unir leur peuple et à gagner le soutien pour leur programme politique. Cette revendication n'était pas une surprise : Le Hamas n'a pas commencé sa campagne d'attentats à la bombe simplement comme moyen de combattre ce qu'ils percevaient comme une agression israélienne, mais pour s'emparer de l'initiative politique dévolue au Fatah. (En fait, dans les premiers jours et les premiers mois de la deuxième Intifada, le radicalisme du Hamas força les dirigeants du Fatah à suivre l'exemple du Hamas et à adopter la tactique des attentats-suicides) "Leur description du terrorisme', a noté un des délégués, "m'a convaincu que nous n'avons pas affaire à des monstres génétiquement encodés, mais à des acteurs politiques réalistes — bien que brutaux — qui choisissent leurs tactiques et qui gère avec précaution les effets de leurs actions."

Au moment de notre premier échange avec le Hamas, il n'y avait plus eu d'attentat-suicide en Israël depuis août 2004. Les dirigeants du Hamas signalèrent que ce calme non-officiel serait maintenu, tant que ce calme serait réciproque de la part d'Israël. Même ainsi, les dirigeants du Hamas ont déclaré qu'ils se réservaient le droit de riposter aux "agressions israéliennes" exactement de la manière (ont-ils fait remarquer) qu'Israël a déclaré qu'il avait le droit de continuer de prendre pour cible les Palestiniens qu'ils percevaient comme des kamikazes potentiels.

"Ce ne fut pas facile de perdre nos fondateurs, notre peuple, nos dirigeants et nos amis", a déclaré l'un de leurs dirigeants. "Lorsque tous les canaux nous sont fermés, nous utilisons la violence. Nous ne possédons aucun avion de combat, nous n'avons pas de chars. Nous avons donc pris cette décision. C'est l'une des manières dont nous résistons. Ce n'est pas la seule manière."

En juillet [2005], avec la période officieuse de calme approchant de son premier anniversaire, les responsables du Hamas ont réitéré leur engagement à "maintenir la hudna [trêve] avec Israël, même si Israël n'y répond pas et continue prendre nos dirigeants pour cibles".

Lors de ces deux rencontres, les responsables du Hamas ont objecté avec véhémence aux proscriptions étasuniennes contre tout contact entre Américains et responsables du Hamas, soutenant que "nous n'avons pas livré la guerre contre les Etats-Unis, même verbalement. Nous n'avons jamais revendiqué un quelconque lien avec Oussama ben Laden et nous ne le soutenons pas".

Oussama Hamdan fut direct dans sa critique de la décision des Etats-Unis d'ajouter le Hamas sur la liste des organisations prohibées du Département d'Etat : "Nous savions que cela arriverait et en 1996 nous avons essayé d'entrer en contact avec [la Secrétaire d'Etat d'alors] Madeleine Albright pour trouver un moyen de nous y opposer — de parler avec elle de cette décision", se souvient-il. "On nous a dits qu'elle n'était pas disponible pour nous parler et que nous devrions rappeler. Nous fûmes alors placés sur cette liste et nous fîmes notre second appel. Et nous nous sommes entendus dire : 'Nous sommes désolés, mais la Secrétaire Albright ne parle pas aux terroristes'."

Les dirigeants du Hamas étaient aussi particulièrement résolus à mettre en avant leur décision de participer aux élections programmées de l'Autorité Palestinienne — même après leur report de juillet dernier à mars de cette année. À certains moments, leurs dirigeants semblaient même prescients, se concentrant sur les compétences de leur organisation, sur leur capacité à plaire à une base élargie de Palestiniens et sur leur engagement continu de fournir des services à leurs électeurs, tant ils citaient tout cela comme preuve de leur croyance qu'ils avaient toutes les chances de remporter la majorité au Parlement palestinien [8]

"Ce sont les Palestiniens qui décident quels doivent être leurs dirigeants et la communauté internationale doit l'accepter", a fait remarquer l'un d'eux en mars 2005. "Et lorsque nous gagnerons ces élections, ce sera, j'en suis sûr, un gros problème pour les Américains. La communauté internationale ignorera-t-elle les résultats de ces élections ?"

Les dirigeants du Hamas ont aussi réfuté qu'ils imposeraient des formes islamiques strictes sur la vie sociale palestinienne, utilisant le Coran comme exemple de "respect de la diversité" parmi les peuples, une affirmation qu'ils ont répétée dans le sillage de leur récente victoire parlementaire.

"L'Islam est global et nous le comprenons, mais les Palestiniens sont divers", a déclaré en mars l'un de leurs dirigeants. "Le peuple décidera de qui les dirigera et quelle sorte de gouvernement ils auront. Et nous devons respecter ces différences et nous respecterons ces différences."

Oussama Hamdan a donné une réponse plus détaillée lors de nos rencontres de juillet, reconnaissant les craintes occidentales vis-à-vis de l'impact que l'élection d'un parti islamiste aurait sur une société par ailleurs laïque : "Il y a une peur qui se base sur un héritage historique", a-t-il dit, "selon lequel le Hamas sera le prochain Taliban. Nous ne le sommes pas. Nous avons toujours insisté sur le fait que notre peuple devrait pouvoir choisir — pas seulement pour qui voter, mais comment vivre. Nous ne recrutons pas par la force, mais par la persuasion. Pour nous, l'Islam est la réponse, mais ce n'est pas vrai pour tous. Nous croyons qu'il devrait y avoir le lancement d'un processus démocratique dans toute la région".

Une fois encore (comme ce fut le cas pour le Hezbollah), les dirigeants du Hamas étaient directs dans leur condamnation de "l'incapacité de l'Amérique à faire différence" entre les mouvements islamistes et de la volonté des Etats-Unis et de l'Europe à mettre le Hamas sur la liste des organisations "terroristes" — en compagnie d'al-Qaïda.

L'un des dirigeants du Hamas a été explicite en formulant ces différences et en expliquant comment le manque de sophistication et de nuance politique de l'Occident pouvait être fatal à la position de l'Amérique dans cette région. "Les Salafistes nous ont mis en garde que ce que nous faisions en acceptant la démocratie était de jouer entre les mains de nos ennemis", a dit ce dirigeant.

"Ce message était une mise en garde. Je me souviens que l'un d'eux m'a dit : 'Ecoute, mon frère ! Nous ne vous souhaitons que du bien dans ces élections. Mais vous devriez savoir que quel que sera le résultat, les Américains ne vous accepteront jamais, jamais, comme des partenaires égaux. Et vous en ferez l'expérience. Et à ce moment-là, vous reviendrez vers nous et ensemble nous pourrons commencer. Et ensemble nous en finirons avec eux, ici. Ensemble nous la brûlerons [l'Amérique]. C'est la seule solution. La brûler. Et nous commencerons à la Mecque et à Médine.

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE

Traduction : [JFG-QuestionsCritiques]

_____________________

notes :

[1] "Des 'élections palestiniennes risquées', Washington Post, Editorial, 22 janvier 2006

[2] "Le Hamas remporte haut la main les élections palestiniennes, compliquant les initiatives de paix au Proche-Orient", Scott Wilson, Washington Post, 27 janvier 2006.

[3] Le Secrétaire d'Etat-adjoint aux affaires du Proche-Orient, David Welch, a minimisé l'accord Aoun-Nasrallah, lors d'une conférence de presse, le 9 février 2006, déclarant que le point de vue du Département d'Etat était que "c'est une discussion entre deux courants politiques et non pas une discussion au niveau gouvernemental". Welch fut ensuite interrogé : "À présent, indirectement, vous vous êtes référé à quelqu'un qui a justifié la prise d'otages américains. Parlez-vous d'Aoun ? Pouvez-vous le confirmer ?" Question à laquelle Welch a répondu : "Oui".

[4] Chalabisé = gagné par la propagande d'Ahmed Chalabi. Ahmed Chalabi était un exilé irakien qui a alimenté les "services secrets" du gouvernement des Etats-Unis sur le régime de Saddam Hussein, avant l'invasion menée par les Etats-Unis. La plus grande partie de ses affirmations s'évéra fallacieuse ou servant ses propres intérêts.

[5] La position de l'Union européenne est contrastée : par la voie du président de l'union en exercice au 1 août 2006, l'Union européenne signale que le Hezbollah ne sera pas inscrit sur la liste des organisations terroristes ; toutefois, le Conseil de l'Union européenne inclut l'officier supérieur des services de renseignements du Hezbollah Imad Fa'iz Mughniyah sur sa liste des terroristes. Cette classification est contraignante mais ne concerne pas la branche civile du parti, ni sa branche armée située à l'intérieur du Liban. Sur le mouvement considéré dans son ensemble, le Conseil de l'Union européenne a jusqu'ici jugé que le Hezbollah ne s'inscrivait pas parmi les mouvements terroristes, malgré plusieurs demandes états-uniennes. Certains diplomates européens estiment que le dernier refus de mars 2005 de l'inscrire sur la liste des mouvements terroristes était motivé par le fait que l'Union européenne ne souhaitait pas, en cette période d'instabilité au Liban, aggraver la situation. À la différence du Conseil de l'Union européenne, le Parlement européen a adopté le 10 mars 2005 une résolution (par 473 voix pour et 33 contre) déclarative et non contraignante pour les États membres qualifiant le Hezbollah de terroriste. L'ONU ne classe pas le Hezbollah dans sa liste des organisations terroristes mais le Conseil de sécurité de l'ONU appelle à son désarmement.

[6] La Commission Mitchell, présidée par l'ancien sénateur des Etats-Unis, George Mitchell, a été réunie par le Bill Clinton, alors président, pour enquêter sur les causes de la "deuxième Intifada", la violence en Israël et en Palestine qui a fait suite à la visite du Premier ministre israélien Ariel Sharon au Mont du Temple à Jérusalem en septembre 2000.

[7] Les Kharidjites — ou Khawarij — étaient des séparatistes de l'armée d'Ali ibn Abi Talib, le beau-fils et cousin de Mahomet. Ibn Muljam, un Kharidjite, est accusé de son meurtre. Les Kharidjites croient qu'être musulman équivaut au salut, qu'il n'y a aucun salut pour les péchés, que tous les non-Kharidjites sont des pécheurs, que tous les pécheurs sont des apostats et que tous les apostats devraient être mis à mort. Les Takfiris sont des Musulmans qui voient tous les Occidentaux comme des kafirs (infidèles).

[8] Les affirmations de la part des experts américains sur le Hamas selon lesquelles les résultats du scrutin législatif de ce mois était autant une surprise pour le Hamas que pour les Etats-Unis sont simplement fausses. Lors de rencontres plus récentes (qui se sont tenues à Beyrouth dans le sillage immédiat du scrutin législatif), les dirigeants du Hamas ont confirmé, toutefois, qu'ils avaient intentionnellement minimisé leurs espoirs d'une victoire législative claire à cause des craintes que les Etats-Unis et Israël fassent pression sur le Président palestinien Abou Mazen [Mahmoud Abbas] pour qu'il annule les élections jusqu'à ce que le Fatah puisse se renforcer.