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Crise financière

Les bourses sont dans la tempête et Lehman s'échoue

Independent, lundi 15 septembre 2008
par Matt Dickinson, PA

article original : "Markets turmoil as Lehman hits rocks"

Aujourd'hui, après que la crise du crédit a eu la peau de l'une des plus
grosses banques d'investissement, les investisseurs ont été secoués


Lehman Brothers, qui a été touchée par des milliards de dollars de pertes sur les crédits hypothécaires de mauvaise qualité (les fameux "subprime"), a dit qu'elle prévoyait de recourir au chapitre 11 sur les faillites.

Sa rivale Merrill Lynch - une autre victime de la crise des crédits hypothécaires à risque au cours de l'année passée - a également cherché abri en se faisant racheter par Bank of America.

A Londres, l'indice FTSE 100 perdait près de 4% aujourd'hui au milieu d'une nouvelle tempête, avec les banques encaissant le gros de la punition.

[A l'ouverture] L'action du plus gros prêteur hypothécaire de Grande-Bretagne, HBOS, a été la plus touchée, perdant plus de 15%. La Royal Bank of Scotland a perdu 9% et Barclays 8%.

La Banque d'Angleterre et le Trésor [britannique] ont dit qu'ils surveillaient cette tempête financière et que la Banque [d'Angleterre] était prête à intervenir sur les marchés monétaires, si nécessaire.

Les marchés asiatiques montraient également de lourde pertes, aujourd'hui, avec l'indice indien Sensex cédant plus de 5%, l'indice de référence taiwanais cédant 4,1%, la principale bourse australienne en chute de 2%. Les bourses japonaises et de Hong Kong étaient fermées aujourd'hui.

Ces mouvements sont arrivés alors que 10 banques commerciales et d'investissement ont annoncé une ligne de crédit de 70 milliards de dollars (50 milliards d'euros) pour atténuer "une volatilité sans précédent et les autres défis affectant la dette mondiale et les marchés des actions".

Le mouvement de Lehman fait suite à l'échec d'un accord pour sauver cette banque, durant un week-end d'activité fiévreuse à Wall Street, faisant sans doute de cette maison financière vieille de 158 ans la plus grosse victime dans le monde de la crise qui s'agrippe au système financier mondial.

Le porte-parole libéral-démocrate du Trésor [britannique] , Vince Cable, ancien chef économiste du groupe Shell, a déclaré que la situation était "très grave".

Dans l'émission BBC 4 Today, Il a dit qu'il y aurait une intervention pour stopper les faillite bancaires, parce que "tout le système financier international" était en danger.

"Je pense que la leçon minimum que nous devrons en tirer est que l'ensemble du secteur financier ne peut tout simplement retourner comme il était avant", a déclaré le Dr Cable.

"Celui-ci devra être beaucoup plus étroitement régulé, dans l'intérêt du public."

La plupart des employés qui arrivaient ce matin à leur travail au siège régional de Lehman Brothers à Canary Wharf, à Londres, ont gardé les lèvres serrées.

Des agents de sécurité étaient stationnés tout autour du bâtiment, maintenant à distance les journalistes, de l'autre côté de la rue. Un employé, qui a dit travailler au contrôle de production, a dit qu'il espérait découvrir ce dont il retournait, une fois à l'intérieur du bâtiment.

"Heureusement, j'ai toujours un emploi, mais Dieu sait jusqu'à quand !" a-t-il dit.

Un autre employé, interrogé sur ce qu'il pensait, ce matin, a répondu : "J'ai déjà été mieux".

Les banques du Royaume Uni ont été les plus touchées à l'ouverture de la bourse, avec le plus gros prêteur hypothécaire de Grande-Bretagne, HBOS, cédant plus de 10%.

La Royal Bank of Scotland a chuté de plus de 12%, tandis que Barclays - qui avait été en tête des repreneurs potentiels pour secourir Lehman Brothers - perdait 6%.

D'autres actions financières, telles que les assurances et le géant de l'épargne Prudential, ainsi que Norwich Union, qui possède Aviva, chutaient aussi de 6%, et les détaillants comme Sainsbury's et Kingfisher, propriétaire de B&Q, ont montré des baisses de près de 5%. Le Chapitre 11 sur les banqueroutes donne aux sociétés le temps de se réorganiser et de concevoir un plan pour payer les créanciers dans le temps.

Selon les termes de ce recours à la banqueroute, la société de holding de Lehman Brothers, Lehman Brothers Holdings International, poursuit toujours la vente de sa filiale de courtage et de trading, de même que celle de sa division de gestion de portefeuille. Une autre de ses filiales, Lehman Brothers Asset Management, n'aura pas recours au Chapitre 11.

Lehman a déclaré : "Le directoire de Lehman Brothers Holdings International a autorisé le recours au Chapitre 11, afin de protéger ses actifs et de maximiser sa valeur."

Ce groupe - la banque emploie environ 25.000 personnes dans le monde, dont environ 5.000 au Royaume-Uni - a enregistré une perte nette au troisième trimestre de 3,9 milliards de dollars [5,5 milliards d'euros], après un record de pertes de 7 milliards de dollars [près de 10 milliards d'euros] sur les crédits hypothécaires "subprime" et les propriétés commerciales.

Au Royaume-Uni, Lehman a des employés à son siège régional de Canary's Wharf, à Londres, de même qu'à ses bureaux de High Wycombe, dans le Buckinghamshire.

La Barclays serait sortie d'un plan de sauvetage après avoir échoué à obtenir des garanties sur les engagements financiers de Lehman. Aujourd'hui, Barclays a dit qu'elle avait envisagé un accord de fusion, mais qu'elle avait décidé que ce "n'était pas dans les meilleurs intérêts de ses actionnaires".

La Banque d'Angleterre a également dit qu'elle surveillait les retombées en provenance des Etats-Unis et qu'elle se tenait prête à intervenir si cette panique causait un nouveau chaos sur les marchés monétaires.

Elle a déclaré : "A la suite des annonces de cette nuit, la Banque d'Angleterre surveillera avec soin les conditions sur les marchés en livres sterling et prendra les actions appropriées, si nécessaire, pour stabiliser ces marchés."

Traduit de l'anglais (États-Unis) par [JFG-QuestionsCritiques]

LIRE AUSSI :
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"Les banques doivent nettoyer le foutoir qu'elles ont créé", par Andreas Whittam Smith

"Le sort de Lehman Brothers", édito du Wall Street Journal (12 sept 2008).

"Une tempête de niveau 3 s'apprête à frapper Wall Street", par Martin Huthchinson, 3 nov 2007.

"Un bouche-à-bouche ne réussira pas à ressusciter les économies naufragées",par Walden Bello, 1er mars 2008.

"Crise financière : A quel point est-ce grave ?", par Simon Birritteri, 18 mars 2008.