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L'Etrange Portefeuille d'Investissement du Vice-Président

Cheney Parie-t-il sur un Effondrement Economique?

Par Mike Whitney
CounterPunch — 5 juillet 2006


N'aimeriez-vous pas savoir où Dick Cheney place son argent? Ainsi, vous sauriez si son affirmation, selon laquelle "les déficits sont sans importance", est du pipeau ou pas.

Figurez-vous que le Kiplinger Magazine a publié un article à partir des déclarations et des révélations financières de Cheney et il est sûr qu'ils ont découvert que le VP ment aux Américains pour l'énième fois. Les déficits ont de l'importance et Cheney a investi son argent en conséquence.

Cet article s'intitule "Cheney parie sur les mauvaises nouvelles" et nous explique où Cheney s'est dépêché de planquer plus de 25 millions de dollars [env. 18 millions d'Euros]. Alors que ces chiffres ne sont peut-être que des estimations, les investissements, eux, sont bien réels. Selon Tom Blackburn du Palm Beach Post, Cheney a investi lourdement dans "un fonds spécialisé en obligations municipales à court-terme, dans un fonds de liquidités exempté de taxes et dans un fonds de titres protégé de l'inflation. Les deux premiers résistent à l'inflation grâce à des taux d'intérêts qui s'ajustent. Le troisième est protégé contre l'inflation".

Cheney a déversé 10 à 25 autres millions de dollars (estimation) dans un fonds obligataire européen, ce qui montre qu'il compte sur la baisse continue du dollar. Donc, pendant que la classe des travailleurs américains perd du terrain vis-à-vis de l'inflation et de l'augmentation des prix de l'énergie, la fortune de "Darth" Cheney continuera de croître dans la "Vieille Europe". Ainsi que Blackburn le fait sagement remarquer, "Les mauvaises nouvelles ne sont pas toutes mauvaises pour tous".

Ceci devrait mettre un terme une bonne fois pour toutes à la notion ridicule selon laquelle le "Plan Economique de Bush" n'a rien à voir avec une escroquerie dont le but est de piller les caisses publiques. Toute cette affaire est destinée à transférer la richesse de la nation d'une classe vers l'autre. Il est tout aussi clair que Bush et Cheney n'auraient pas pu mener cela à bien sans l'approbation tacite des voleurs de la Réserve Fédérale qui ont mis au point le projet futile des faibles taux d'intérêt pour endormir les Américains pendant qu'ils leurs faisaient les poches.

Les gens sensés peuvent contester que Bush assassine "intentionnellement" le dollar avec ses réductions d'impôt généreuses, mais comment cela peut-il expliquer le portefeuille de Cheney ?

Ça ne l'explique pas. Et, une chose que l'on peut dire avec une assurance métaphysique est que Cheney-l'avare ne planquerait jamais son argent dans un investissement qui ne serait pas sûr. Si Cheney compte sur un dollar vacillant et des taux d'intérêt à la hausse, alors, Bon Dieu ! C'est ce qui arrivera.

L'équipe Bush-Cheney a réussi en tout juste 6 ans à creuser la dette de 3.000 milliards de dollars supplémentaires. La dette publique des Etats-Unis s'élève à présent à 8.400 milliards de dollars tandis que le déficit commercial a gonflé à 800 milliards de dollars, près de 7% du PIB.

C'est de la démence. Aucun pays, aussi puissant soit-il, ne peut maintenir des chiffres aussi étourdissants. Le pays est endetté jusqu'au cou et doit emprunter 2,5 milliards de dollars par jour juste pour garder la tête hors de l'eau. Actuellement, la Fed accroît l'offre de liquidités et rachète ses propres bons pour cacher l'hémorragie au public. C'est de la folie furieuse.

Le mois dernier, le déficit commercial est monté jusqu'à 70 milliards de dollars. Ce qui est plus grave : les banques centrales n'ont acheté que 47 maigres milliards de dollars de bons du trésor pour soutenir notre voracité pour la camelote bon marché chinoise.

Faites le calcul ! Ils n'investissent plus en Amérique. Ils réduisent leurs réserves de dollars. Nous coulons à grande vitesse et Cheney et ses copains montent dans les canots de sauvetage pendant que l'on détourne l'attention du public avec le mariage gay et "American Celebrity".

Le secteur manufacturier américain a été vidé de sa substance par les grosses compagnies impitoyables qui ont abandonné leur pays pour faire de l'argent rapide en Chine ou au Mexique. La bulle immobilière de 3.000 milliards de dollars se dégonfle rapidement tandis que le dollar anémique continue de baisser. Tous les signes indiquent que l'économie ralentit en même temps que les prix de l'énergie continuent de monter.

C'est le début de la stagflation ; la combinaison effrayante d'une économie qui ralentit et de l'inflation.

Les Américains ont-ils vraiment cru qu'ils éviteraient le même type de colonisation économique qui a été appliquée à l'ensemble du monde en développement sous la rubrique du "néolibéralisme " ?

Eh bien ! Réfléchissez encore ! L'économie américaine chute en vrille vers le sol et il n'y a assez de parachutes que pour Cheney et son gang.

Le pays a perdu trois millions d'emplois à cause des délocalisations, depuis que Bush est au pouvoir ; plus de 200.000 d'entre eux sont des emplois très bien payés de haute technologie qui constituent la force vitale de toute économie.

Considérez cela du point de vue de l'édition de juin sur les affaires étrangères publiée par le CFR (Council on Foreign Relations), la bible des mondialistes et des ploutocrates :

"Entre 2000 et 2003 seulement, les entreprises étrangères ont construit 60.000 usines en Chine. Les entreprises européennes du secteur de la Chimie, les fabricants japonais de voitures et les conglomérats industriels étasuniens construisent tous des usines en Chine pour approvisionner le marché de l'exportation dans le monde entier. De la même manière, les banques, les compagnies d'assurance, les sociétés de services aux professionnels et les sociétés du secteur de l'IT [Informatique et Technologies] installent en Inde leur département de recherche et leurs centres d'appel qui apportent l'aide aux employés, aux clients et à la production dans le monde entier". ("The Globally integrated Enterprise", Samuel Palmisano, Foreign Affairs page 130)

"60.000 usines" en trois ans ?!?

"Banques, compagnies d'assurance, entreprises de service aux professionnels et sociétés du secteur IT ? "

Aucun emploi n'est sûr. Les élites et les magnats américains des affaires prennent les chaloupes d'assaut et se dirigent vers des rivages étrangers. La seule chose qu'ils laissent derrière eux est une dette insurmontable que nos enfants traîneront à perpétuité comme un boulet et les manettes soigneusement organisées d'un Etat policier moderne où tout le monde est surveillé.

Bienvenue au goulag de Bush du 21ème siècle ! Le luxe du tiers monde dans un environnement de type Guantanamo.

Jetez un autre regard sur la stratégie d'investissement de Dick Cheney : elle nous relate toute cette sale histoire. Les taux d'intérêt montent, la classe-moyenne descend et le pauvre dollar se dirige tout droit vers la poubelle. Ce pays ne vacille pas seulement au bord de l'effondrement financier ; il est poussé la tête la première par la garde noire au pouvoir et ses satrapes à la Réserve Fédérale.

Traduit de l'anglais (US) [JFG-QuestionsCritiques]

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