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DSK : Des détails émergent sur la présumée agression sexuelle

Par John Solomon
Center for Public Integrity, le 22 mai 2011

article original : "New details of investigation of a hotel maid's charge that she was sexually assaulted by IMF chief"

Des employés du Sofitel donnent le compte-rendu des minutes qui se sont déroulées après
que la femme de chambre a été trouvée à l'extérieur de la suite de l'ancien patron du FMI.



L'ancien patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn (AP)

Selon deux personnes proches de l'enquête, la femme de chambre qui affirme avoir été agressée sexuellement par l'ancien chef du Fonds Monétaire International a été découverte dans un vestibule par une supérieure, après qu'elle se fut échappée de sa luxueuse suite,. Trois membres du personnel du Sofitel ont entendu son histoire et l'ont ensuite conduite au bureau de la sécurité de l'hôtel.

Ils l'ont décrite comme étant traumatisée, ayant des difficultés pour s'exprimer et inquiète de perdre son travail si elle portait plainte. La sécurité de l'hôtel a trouvé que son histoire était crédible et a appelé la police. La femme de chambre a également craché à plusieurs reprise sur les murs et le sol – ce dont ont été témoins des collègues de l'hôtel – alors qu'elle décrivait comment elle a été forcée d'exécuter des actes sexuels oraux sur Strauss-Kahn. Sa salive est en cours de test ADN et pourrait devenir une preuve cruciale dans cette affaire, disent ces sources.

Ces sources, qui se sont exprimées sous condition d'anonymat à cause de l'enquête en cours, ont apporté le premier compte-rendu détaillé concernant la plage d'une heure entre l'agression présumée et le moment où la police a été appelée. Il est certain que ce qui s'est passé durant cette heure sera mis en doute par les avocats de Strauss-Kahn, alors que les accusations criminelles seront avancées.

Ces sources ont affirmé que les mesures prises durant cette heure ont aidé à construire le dossier criminel et à appréhender le suspect avant qu'il ne s'enfuie du pays. Durant cette heure, le personnel du Sofitel a calmé la femme de chambre, l'a aidée à surmonter sa difficulté à décrire ce qui était arrivé, l'a interrogée de façon approfondie et a fait venir la police sur la scène [du crime] pour qu'elle effectue des examens médicaux-légaux.

Ces sources disent que la femme de chambre, décrite comme une immigrée ouest-africaine dans la trentaine, avait été normalement assignée au nettoyage d'un autre étage dans l'hôtel, mais qu'elle s'est récemment portée volontaire pour prendre en charge l'étage de la luxueuse suite de Strauss-Kahn après le départ en congé d'une collègue.

La femme de chambre a rapporté qu'elle est entrée dans la chambre de Strauss-Kahn, peu avant midi le samedi 14 mai, après qu'un employé du service d'étage l'eut assurée que la suite était vide. Elle a laissé la porte ouverte alors qu'elle commençait le nettoyage.

Elle a dit qu'elle a été surprise lorsque Strauss-kahn est sorti nu de la salle de bain. Elle a dit qu'elle lui avait fait ses excuses et qu'elle s'est retournée pour s'éloigner, mais que l'ancien patron du FMI l'avait attrapée par derrière et lui avait touché la poitrine, lui faisant remarquer qu'elle était très belle.

Cette femme soutient que Strauss-Kahn a claqué la porte de la suite et a engagé le loquet intérieur pour la verrouiller, la piégeant à l'intérieur. Elle affirme qu'il l'a traînée plus loin à l'intérieur de la suite et que lorsqu'elle s'est dégagée en essayant de s'échapper, il lui a baissé la tête de force pour qu'elle exécute des actes sexuels oraux.

Cette femme a fini par s'enfuir de la chambre et s'est cachée dans un vestibule, juste à l'extérieur de sa suite VIP à 3.000 dollars la nuit, tandis que Strauss-Kahn a quitté la suite à la hâte et s'est rendu en bas pour quitter l'hôtel.

Une responsable du nettoyage pour cet étage a trouvé la femme de chambre traumatisée peu avant 12h30, alors qu'elle se tenait debout près d'un placard à l'extérieur de la suite. La femme de chambre a dit qu'elle s'était cachée dans un vestibule jusqu'à ce que Strauss-Kahn parte et que sa responsable est sortie d'un ascenseur de service quelques instants plus tard pour un contrôle de routine de l'étage.

Cette responsable a essayé de calmer la femme de chambre et a établi ce qui s'était passé, la ramenant dans la suite de Strauss-Kahn, où elle est devenue visiblement bouleversée. La femme de chambre a fait part de son inquiétude, durant au moins l'une de ses conversations avec sa responsable, sur le fait qu'elle pourrait perdre son emploi parce qu'elle était entrée dans la chambre d'un client, ont dit ces sources.

Toujours selon ces sources, la responsable d'étage a rapporté que la femme de chambre avait la nausée et qu'elle tremblait. Dès que la responsable a établi qu'une agression s'était produite, elle à appelé l'une de ses supérieures affectées au nettoyage, qui répondait à un appel intérieur et est arrivée à l'étage.

Lorsque la plus gradée des responsables du nettoyage a eu assez de détails de la part de la femme de chambre pour penser qu'un acte criminel avait été commis, elle a fait venir un agent de sécurité dans la chambre.

L'agent de sécurité a interrogé la femme de chambre, obtenant des détails complets sur ce qui s'était passé dans la suite. Tout au long de l'interrogatoire, la femme de chambre paraissait traumatisée et a craché à plusieurs reprises sur le sol et sur les murs. A un moment, elle s'est rendu dans la salle de bain pour essayer de vomir. Sa salive a été plus tard prélevée sur les murs et la moquette pour servir de preuve.

L'agent de sécurité de l'hôtel a ensuite alerté le responsable de la sécurité de l'hôtel, un ancien responsable du maintien de l'ordre, qui a mené un autre interrogatoire, lequel a été par moments suspendu parce que la femme était devenue de plus en plus traumatisée et malade, ont dit les sources.

La femme de chambre a réitéré ses inquiétudes d'être licenciée et s'est demandé si elle devait même porter plainte.

Toujours selon ces sources, le chef de la sécurité a pris la décision d'appeler la police de New York et une ambulance, après avoir établi qu'il y avait assez de preuves qu'un acte criminel avait été commis et que l'histoire de la femme de la femme de chambre avait été constante durant les quatre conversations qu'elle a eues avec les employés de l'hôtel.

Les quatre interrogatoires et les efforts répétés pour calmer cette femme ont pris environ une heure. La police a été appelée vers 13h30.

Selon ces sources, peu après l'arrivée de la police, Strauss-kahn a appelé l'hôtel pour dire qu'il avait oublié son téléphone portable, et son appel a été immédiatement transféré au chef de la sécurité de l'hôtel.

Travaillant avec les inspecteurs qui étaient dans la chambre, le chef de la sécurité de l'hôtel a fait croire à Strauss-Kahn que son téléphone portable avait été retrouvé et qu'il le ferait porter au chef du FMI. Le chef de la sécurité a obtenu de Strauss-Kahn qu'il lui dise qu'il se trouvait déjà dans le salon d'Air France à l'aéroport de John F. Kennedy et qu'il prévoyait de s'envoler pour Paris, ont dit les sources.

Utilisant l'information de cet appel au chef de la sécurité, les inspecteurs de police ont appelé la police de l'aéroport qui ont appréhendé Strauss-Kahn dans l'avion de ligne environ 10 minutes avant son décollage.

Le Sofitel a pleinement coopéré avec les services de police, libérant les employés pour des interviews spontanées, passant en revue les enregistrements de sécurité et remettant les enregistrements des appels téléphoniques, les check-in et les check-out, ainsi que les lecteurs de cartes magnétiques d'ouverture des portes. Certains des employés ont également été présentés devant le grand jury avant que Strauss-Kahn ne soit officiellement inculpé et libéré sous caution d'un million de dollars, cette semaine.


Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]

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