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Les Etats-Unis doivent changer radicalement de tactique au Proche-Orient

par Tony Karon
TomDispatch, le 24 janvier 2009

article original : "Tearing up the US's Middle East playbook"

Craignant que le silence opportuniste du président américain Barack Obama, lorsque Israël a commencé son offensive sur Gaza – qui a fait plus de 1.400 morts dans le camp palestinien (dont plus 400 enfants) –, ne soit mal interprété, ses assistants ont renvoyé les journalistes à des commentaires datant de plus de six mois, prononcés dans la ville israélienne de Sderot. « Si quelqu’un envoyait des roquettes contre ma maison, la nuit, où mes deux filles dorment, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour faire cesser cela », avait déclaré Obama en référence aux missiles que le Hamas tirait depuis Gaza. « Je m’attendrais à ce que les Israéliens agissent de la même manière. »

Les habitants de Gaza ont pu se demander ce qu’Obama aurait fait s’il avait été assez malchanceux pour être un habitant, disons, du camp de réfugiés de Jabalya. Et si, à l’instar de la majorité des Gazéens, son grand-père avait été chassé de sa maison, dans ce qui est désormais Israël, et qu’il lui était interdit, en vertu de sa spécificité ethnique, de jamais y retourner ? Et si, comme la majorité des habitants de ce ghetto-en bord-de-mer de réfugiés, il avait voté pour le Hamas, qui avait juré de combattre pour ses droits et n’était pas corrompu comme les hommes forts du Fatah, avec lesquels les Israéliens et les Américains aiment traiter ?

Et qu’aurait-il fait si, en conséquence de ce vote, il subissait un siège économique, dont l’objectif explicite est d’infliger le dénuement, afin de le forcer à inverser son choix démocratique ? Et qu’aurait dit un Obama gazéen, peu après cette élection, sur la déclaration de Dov Weissglass, un conseiller de premier plan du Premier ministre Ehoud Olmert, selon laquelle ce blocus imposé par Israël contre lui et sa famille les mettrait « au régime » ?

Les Palestiniens vont beaucoup maigrir », avait gloussé Weissglass, « mais ils ne vont par mourir. »

Pour commencer, l’Obama de Sderot aurait remarqué, en juin dernier, qu’en raison de la trêve négociée par l’Egypte, les tirs de roquettes depuis Gaza avaient largement cessé. Cependant, pour l’Obama de Jabalya, le « régime Weissglass » est resté en place. Même avant l’offensive d’Israël, la Croix-Rouge avait rapporté que près de la moitié des enfants de moins de deux à Gaza étaient anémiques à cause de l’incapacité de leurs parents de les nourrir correctement.

Qui sait ce que l’Obama de Jabaliya aurait dit des roquettes du Hamas, lesquelles, en novembre, ont recommencé à voler en direction d’Israël, alors que le Hamas cherchait à rompre le siège en créant une crise qui conduirait à nouveau cessez-le-feu assorti de meilleures conditions. Il aurait très bien pu avoir des craintes, mais il aurait eu plein de raisons d’espérer en la réussite de la stratégie du Hamas.

Toujours aussi engagé dans un changement de régime à Gaza, Israël n’a cependant montré aucun intérêt pour un nouveau cessez-le-feu. Ainsi que l’a dit Ehoud Barak, le ministre [israélien] de la défense, à la chaîne Fox News : « Attendre que nous cessions le feu avec le Hamas c’est comme attendre que vous cessiez le feu avec al-Qaïda.» (Apparemment, Ehoud Barak a assumé que les Américains négligeraient le fait qu’il avait bien pris part à un tel cessez-le-feu, depuis juin 2008, et qu’il s’apprête à prendre part à un autre, maintenant que l’opération de Gaza est terminée.)

Un Obama de Sderot malin aurait été bien trop conscient que les dirigeants d’Israël ont besoin de son suffrage dans les élections du mois prochain et qu’ils espèrent le remporter en montrant comment ils peuvent être durs avec les Gazéens. Une fois encore, un Obama de Sderot aurait pu ne pas réfléchir au-delà de sa colère et de sa peur immédiates – et il est hautement improbable qu’il aurait regardé la situation régionale à travers les yeux de l’Obama de Jabalya.

Néanmoins, tous les Israéliens ne sont pas aussi optimistes vis-à-vis de l’offensive israélienne que l’Obama de Sderot semble l’avoir été. « Quelle chance pour mes parents d’être morts ! » a écrit la journaliste israélienne Amira Hass dans Haaretz. Survivants des camps de concentration nazis, sa mère et son père haïssaient depuis longtemps les écarts de langage orwelliens dans lesquels les autorités israéliennes formulaient leurs actions militaires contre les Palestiniens.

Mes parents détestaient toutes leurs activités quotidiennes – mélanger le sucre dans le café, faire la vaisselle, attendre à un carrefour – lorsque, se basant sur leur propre expérience, ils devinaient la terreur dans les yeux des enfants, le désespoir des mères qui ne pouvaient pas protéger leurs petits, le moment où une énorme explosion faisait s’effondre une maison sur ses occupants et qu’une bombe intelligente terrassait des familles entières...

A cause de leur histoire, mes parents savaient ce que signifiait pour des gens de se retrouver derrière des barbelés dans un lieu confiné... Comme ils ont de la chance de ne plus être en vie et de ne pas voir comment ces gens incarcérés sont bombardés par la glorieuse technologie militaire d’Israël et des Etats-Unis !... L’histoire personnelle de mes parents les a conduits à détester la façon nonchalante avec laquelle les présentateurs du journal télévisé rapportaient un cessez-le-feu. Comme ils ont de la chance de ne pas être là et de ne pas entendre la foule gronder dans le colisée !

Les passions de la foule ont peut-être été satisfaites. Ou peut-être pas. Il est certain que l’opération militaire de trois semaines d’Israël semble ne pas avoir fait beaucoup plus que rétablir la « dissuasion » du pays – quantifiée par le taux de 100 Palestiniens pour un israélien mort.

Le Hamas reste intact, comme l’est le gros de sa force combattante. Et si, comme il semble probable, une nouvelle trêve entraîne la levée, même partielle, du siège économique de Gaza, et aussi la réintégration du Hamas dans l’Autorité Palestinienne – ce qui serait une répudiation catégorique de trois ans d’efforts étasuniens et israéliens – le Hamas clamera victoire, même si les Obamas du camp de réfugiés de Jabalya, à présent probablement sans toit, se demandent à quel prix.

Si Obama doit avoir quelque impact positif sur ce cycle morbide de destruction et de mort, il doit être capable de comprendre l’expérience de Jabalya, tout aussi bien qu’il comprend celle de Sderot. Ce qui serait assez curieux, c’est qu’il pourrait trouver une aide dans cette tentative auprès de personne d’autre que celui qui a dirigé la dernière opération d’Israël, le ministre de la défense Ehoud Barak. Interrogé par un journaliste, lors de sa campagne victorieuse de 1999 à la fonction de Premier ministre, sur ce qu’il aurait fait s’il était né palestinien, Barak a répondu franchement et simplement : « J’aurais rejoint une organisation terroriste. »

L’opportunité gazéenne d’Obama

De façon assez paradoxale, la catastrophe de Gaza a offert à Obama l’occasion de redémarrer le processus de paix – précisément parce que cette guerre a démontré l’échec catastrophique de l’approche adoptée par l’administration de George W. Bush. Malheureusement, les énormes défis économiques et intérieurs auxquels le 44ème président est confronté pourraient inciter Obama à maintenir, pour l’instant, un grand nombre de politiques étrangères en pilotage automatique.

Le plan négocié par l’administration Bush dans les derniers mois de son mandat, en vue d’un retrait américain d’Irak, restera, par exemple, probablement largement en vigueur. Obama doublera vraiment le contingent de soldats en Afghanistan ; et, sur l’Iran, son idée de discussions directes pourrait ne pas s’avérer si radicalement différente de la toute dernière version de l’approche de Bush – du moins si le but de telles discussions est simplement d’avoir des diplomates étasuniens qui présentent une version réchauffée des ultimatums « carotte et bâton » sur l’enrichissement d’uranium, qui ont été proposés pendant les trois dernières années par l’intermédiaire des Européens.

Toutefois, ainsi que la guerre de Gaza l’a clairement démontré, poursuivre la politique israélo-palestinienne de Bush est intenable. L’administration Bush a peut-être parlé d’un Etat palestinien, mais elle s’est limitée à orchestrer une série de discussions informelles entre le Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, et son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, destinées à créer l’illusion d’un « processus ».

Il n’y a eu aucun véritable processus, du moins, pas dans le sens dont on comprend généralement ce terme – c’est-à-dire, des mesures réciproques par les parties combattantes pour se désengager militairement et avancer vers un règlement qui change les frontières politiques et les arrangements de pouvoir. Mais l’illusion de progrès faisait nécessairement partie de la politique de l’administration Bush, consistant à diviser le Moyen-Orient sur des lignes de type « guerre froide », dans une lutte soi-disant épique entre les « modérés » et les « radicaux ».

Les « modérés » incluent Israël, Abbas et les régimes égyptien, jordanien, saoudien et de quelques Etats du Golfe. Les radicaux étaient l’Iran, la Syrie, le Hamas et le Hezbollah, des ennemis intraitables de la paix, de la démocratie et de la stabilité.

La démocratie ?! Oui, le culot de Bush et des siens était légendaire – après tout, le Hamas et le Hezbollah avaient été démocratiquement élus, ce qui représente plus que ce que l’on peut dire des Arabes « modérés », pour lesquels ils prenaient fait et cause. Même l’Iran organise des élections plus libres qu’en Egypte. Ajoutant à l’ironie, le mandat d’Abbas à la fonction de président de l’Autorité Palestinienne (A.P.) a désormais expiré, mais vous pouvez parier votre programme souvenir de l’intronisation d’Obama que Washington ne l’obligera pas à aller chercher un nouveau mandat auprès des électeurs ; en effet, on peut douter que les Israéliens permettront une nouvelle élection palestinienne en Cisjordanie, qu’ils contrôlent pour l’essentiel.

Les pourparlers de paix continuels avec les Palestiniens « modérés », peu importe s’ils ne produisent aucun résultat, ont fourni une couverture importante aux régimes arabes qui voulaient être du côté des Etats-Unis et d’Israël sur la question de la puissance et de l’influence croissantes de l’Iran. Mais il ne pouvait évidemment pas y avoir de discussion avec les « radicaux », même si ces radicaux étaient plus représentatifs que les « modérés ». (Pour sûr, l’Egyptien Hosni Moubarak est avec Israël contre le Hamas, mais c’est parce que le Hamas est un rejeton des Frères Musulmans égyptiens qui pourraient très bien lui administrer une raclée électorale, si l’Egypte organisait des élections libres et honnêtes.)

C’est pourquoi Washington a choisi d’ignorer l’occasion créée par la décision historique du Hamas de disputer les élections législatives de l’A.P. qui se présentaient. Auparavant, le Hamas avait boycotté les institutions de l’A.P., les considérant comme la progéniture illégitime des Accords d’Oslo de 1993, entre Israël et l’OLP, qu’ils avaient rejetés. Pris au dépourvu lorsque l’électorat palestinien répudia ensuite le régime « modéré » choisi par Washington, les Etats-Unis ont riposté en imposant des sanctions au nouveau gouvernement palestinien, tout en faisant pression sur les Européens et les régimes arabes, sur lesquels dépendait en même temps le financement de l’A.P. Ces sanctions ont fini par se transformer en siège de Gaza. Les Etats-Unis et leurs alliés ont insisté sur le fait que le blocus financier se poursuivrait jusqu’à ce que le Hamas renonce à la violence, reconnaisse Israël et entérine les accords antérieurs. Ce sont exactement ces trois mêmes conditions préalables que la nouvelle Secrétaire d’Etat en devenir [Hillary Clinton] a réitérées lors de ses auditions parlementaires de confirmation à ce poste.

Une doctrine qui a échoué

La débâcle de Gaza a rendu une chose parfaitement claire : tout processus de paix qui cherche à marginaliser et non pas à intégrer le Hamas est voué à l’échec – avec des conséquences catastrophiques. Voilà pourquoi la position dressée dans ses grandes lignes par celle qui été désignée par Obama à la fonction de Secrétaire d’Etat est dysfonctionnelle dès le départ, parce qu’elle répète les erreurs consistant à marginaliser le Hamas. Pour leur part, les responsables du Hamas ont envoyé une quantité de signaux ces dernières années, indiquant que l’organisation était prête à s’engager dans une direction pragmatique. Ses dirigeants ne se donneraient pas la peine d’expliquer régulièrement leurs points de vue dans les pages éditoriales des journaux américains s’ils ne croyaient pas qu’une relation différente avec les Etats-Unis – et Israël – était possible.

Pour la nouvelle administration Obama, renforcer et donner envie au Hamas de s’engager dans la voie pragmatique est la clé pour faire renaître les perspectives de paix dans la région.

Le Hamas a démontré, ne laissant aucun doute, qu’il parle au nom d’au moins la moitié de l’électorat palestinien. De nombreux observateurs pensent que si de nouvelles élections avaient lieu demain, les Islamistes ne remporterait pas seulement Gaza une nouvelle fois, mais ils remporteraient également la Cisjordanie. Exiger du Hamas ce qu’il considèrerait être une reddition symbolique, avant que toute conversation diplomatique ne puisse débuter, n’est pas une approche qui permettra de récolter des résultats positifs. Renoncer à la violence n’a jamais été une condition préalable à des discussions entre l’Afrique du Sud et le Congrès National Africain de Nelson Mandela ou entre la Grande-Bretagne et l’IRA. Qui plus est, les discussions entre Israël et l’OLP ont commencé bien avant que cette dernière n’ait renoncé à la violence.

« Reconnaître » Israël est difficile pour les Palestiniens parce que ce faisant on leur demande également de renoncer aux revendications des familles de réfugiés sur les terres et les maisons dont elles ont été chassées en 1948 et auxquelles l’une des lois fondatrices de l’Etat d’Israël leur interdit de réclamer réparation. Pour une organisation comme le Hamas, une telle reconnaissance ne pourrait jamais être une condition préalable à des négociations, seulement une conséquence (avec une sorte de reconnaissance réciproque des droits des réfugiés).

La décision du Hamas de s’engager dans le processus électoral créé par Oslo était en fait une décision pragmatique à laquelle s’opposaient les tenants de la ligne dure dans ses propres rangs. Agissant ainsi, le Hamas s’engageait à discuter avec les Israéliens et également à observer les accords en vertu desquels ces institutions électorales avaient été établies (comme les maires Hamas de Cisjordanie l’avaient déjà appris). En fait, le Hamas a fait comprendre clairement qu’il promettait une bonne gouvernance et le consensus, et il a reconnu Abbas comme président, ce qui signifiait également reconnaître le droit de celui-ci de continuer à négocier avec les Israéliens.

Le Hamas a accepté de respecter tout accord qui serait approuvé par les Palestiniens dans un référendum démocratique. Dès 2007, les dirigeants clés de l’organisation avaient même commencé à parler d’accepter un Etat palestinien basé sur le retour aux frontières de 1967 en échange d’une Hudna, une trêve de longue durée (30 ans) avec Israël.

En fait, le Hamas, en adoptant la voix démocratique, avait offert une très grande opportunité à toute administration américaine encline à pratiquer une diplomatie d’adultes plutôt que le fantasme infantile consistant à reconstruire la politique de cette région en faveur des « modérés » choisis.

Donc, en 2006, les Etats-Unis ont immédiatement collé des sanctions sur le nouveau gouvernement, cherchant à inverser les résultats des élections palestiniennes, en faisant subir aux électeurs palestiniens une punition collective. Les Etats-Unis ont aussi bloqué les efforts saoudiens de négocier un gouvernement palestinien d’unité nationale, en prévenant qu’Abbas serait rejeté par les Etats-Unis et Israël s’il optait pour le rapprochement avec le parti majoritaire de ce scrutin législatif. Washington semble même avoir été derrière la tentative de coup d’Etat à Gaza de la milice contrôlée par le Fatah et entraînée par les Etats-Unis, qui a résulté dans l’expulsion sanglante du Fatah en été 2007.

La stratégie américano-israélienne ratée, consistant à essayer de renverser le Hamas, a atteint son paroxysme dans le massacre de « pré-investiture » à Gaza, qui a non seulement renforcé le Hamas au plan politique, mais réellement affaibli ceux qui avaient été sacrés comme « modérés », dans la stratégie de contre-insurrection contre le Hamas et sa base de soutien.

C’est dans l’intérêt des Etats-Unis, ainsi que dans celui d’Israël et des Palestiniens, qu’Obama intervienne rapidement au Proche-Orient. Mais il doit le faire sur une base radicalement différente de celle de ces deux prédécesseurs immédiats [George Bush et Bill Clinton].

Dans tout conflit, la paix se conclut entre les combattants. La « paix » avec les seuls « modérés » est un exercice inutile et absurde. Le défi dans la région est de promouvoir la modération et le pragmatisme parmi les forces politiques qui s’expriment au nom de toutes les parties, en particulier les représentants des radicaux. Et en parlant des radicaux et des extrémistes, il y a une réfutation palpable, à la limite de l’amnésie, lorsqu’on en vient aux « rejectionnistes » israéliens, comme on dit à Washington. Ariel Sharon avait explicitement rejeté le processus de paix d’Oslo, le déclarant nul et non avenu peu de temps après son accession au pouvoir. A la place, il n’a négocié qu’avec Washington sur des manœuvres unilatérales israéliennes.

Depuis ce moment-là, la politique israélienne s’est déplacée constamment vers la droite, avec le vainqueur de l’élection du mois prochain qui pourrait être le dirigeant du Likoud, le faucon Benjamin Netanyahou. Si c’est le cas, ce dernier gouvernera dans une coalition avec les « rejectionnistes » de l’extrême droite et les défenseurs du « nettoyage ethnique ». Netanyahou a même rejeté, en 2005, le plan de retrait de Gaza de Sharon et il a abondamment fait savoir qu’il n’avait aucun intérêt à maintenir l’illusion d’une discussion relative à un accord de « statut final », même avec les « modérés » choisis par Washington.

Les Israéliens, aux dires de tous, ont généralement abandonné l’idée de rechercher dans l’immédiat un accord de paix avec les Palestiniens et, dans un futur prévisible, aucun gouvernement israélien n’aura la volonté d’entreprendre l’évacuation à grande échelle des colons de Cisjordanie, essentielle à toute solution à deux Etats, mais risquant en toute probabilité de provoquer une guerre civile israélienne.

Cette situation politique devrait servir de mise en garde à Obama et aux siens afin qu’ils évitent les écueils rencontrés par l’approche de l’administration de Bill Clinton dans sa négociation de la paix au Proche-Orient. La ligne de conduite de base de Clinton était que la paix et le contenu du processus de paix devaient être décidés par les dirigeants d’Israël et que rien ne devait jamais être mis sur la table des négociations qui n’eut été préalablement approuvé par eux. Réduisant le processus de paix aux propositions qui tombent dans la zone de confort du seul gouvernement israélien est l’équivalent diplomatique consistant à permettre aux banques d’investissement de se réguler elles-mêmes – et nous savons tous où cela nous a menés.

Il est fantaisiste, aujourd’hui, de croire que, laissés à eux-mêmes, les Israéliens et les Palestiniens se mettront d’accord pour établir la frontière qui doit les séparer, la façon de partager Jérusalem ou le sort des réfugiés palestiniens et des colonies israéliennes. Une solution à deux Etats, si jamais elle devait se réaliser, devrait être imposée par la communauté internationale, en se basant sur un consensus qui existe déjà dans la loi internationale (les résolutions de l’ONU 242 et 338), dans les propositions de paix de la Ligue Arabe et dans le non-papier de Taba qui décrivait les dernières discussions officielles, en janvier 2001, sur un statut final entre les deux camps.

Si Obama avait pris ses fonctions à un moment de relative tranquillité dans la relation israélo-palestinienne tendue, il aurait pu s’offrir le luxe de la mettre en veilleuse. En effet, toute manœuvre pour changer l’approche de Bush aurait pu être contestée comme étant inutilement risquée et perturbatrice.

Cependant, au cours des dernières semaines à Gaza, l’approche de Bush a implosé, ne laissant à Obama aucun autre choix que d’initier une nouvelle politique bien à lui. Avec un peu de chance, celle-ci s’ancrera dans le pragmatisme, pour lequel le nouveau président est célèbre.

Tony Karon est rédacteur en chef à TIME.com, où il analyse le Moyen-Orient et les autres conflits internationaux. Il dirige également son propre site internet, Rootless Cosmopolitan.

Copyright 2009 Tony Karon / Traduction : [JFG-QuestionsCritiques]

POUR EN SAVOIR PLUS :
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"Le Hamas fait allusion à une trêve de longue durée en échange d'un retour aux frontières de 1967", par Arnon Regular

"Rétablir la vérité sur le Hamas", par Jennifer Loewenstein

"Gagner du Temps", par Ze'ev Schiff

"Ce que Sharon avait en tête : Manger la Palestine au p'tit-déj'", par Bradley Burston

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"LES ORIGINES DU CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN"

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